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Les représentations sociales et culturelles de la foresterie au Québec : une analyse de contenu des mémoires soumis à la Commission Coulombe

Filion Martin. (2011). Les représentations sociales et culturelles de la foresterie au Québec : une analyse de contenu des mémoires soumis à la Commission Coulombe. Thèse de doctorat, Université du Québec à Chicoutimi.

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Résumé

Depuis la sortie du film « L'Erreur Boréale » à la fin des années 1990, une vaste commission d'étude a été instituée dans le cadre de laquelle la population québécoise a été invitée à se prononcer sur la gestion de la forêt publique québécoise. Cette commission d'étude fut largement médiatisée, et pour cause ; elle arriva à un moment où le débat sur la gestion de la forêt publique québécoise atteignait un point d'effervescence sans précédent et a donné lieu à des situations d'indiscussion ou de rupture communicationnelle, devenues perceptibles à l'échelle de la province et entre divers groupes d'acteurs, où des idées socialement construites arrivaient en confrontation et où des institutions se mettaient en place pour mieux tenir compte de l'opinion publique. Quels étaient les principaux enjeux du débat sur la forêt ? Au plan sociologique, quelles étaient les valeurs, les logiques explicatives qui orientaient, alimentaient et structuraient le discours sur la forêt ? Cette thèse tente d'y apporter certaines réponses. Elle vise néanmoins à initier une étude du vaste champ de la foresterie au Québec, sous l'angle des théories de l'action sociale.

Parce qu'elles prédisposent à l'action et parce qu'elles orientent l'avenir, les représentations sociales et culturelles ouvrent une porte à l'étude d'un sujet controversé qu'est celui de la forêt. La superficie forestière occupe près de 44% du territoire québécois (MRN, 2002). De cette superficie forestière, qui atteint les 655 124 km2, 89% est de tenure publique. Quels types d'aménagements de la forêt et quels types d'usage et de gestion peuvent tenir lieu de guide et faire autorité pour orienter nos choix et nos actions politiques, sociales et économiques ? À la suite des délibérations publiques, quels savoirs seront déterminants ? Existe t-il des savoirs plus valables que d'autres, ou peuvent-ils se compléter ?

Certains acteurs sociaux, politiques et économiques auront tendance à s'en remettre strictement à la science, la jugeant rigoureusement objective et particulièrement assez près de la réalité. La science demeure toutefois un idéal rarement atteint, c'est-à-dire que les connaissances réputées objectives et vérifiables peuvent toujours être remises en question par des aspects qui échappaient au contexte initial de leur production. On doit plutôt aborder les sciences qui sont, quant à elles, rigoureusement construites, et deviennent souvent sujets à la critiques. La démocratie doit permettre l'expression des savoirs collectifs, lesquels comportent les ingrédients d'un idéal collectif ou du bien commun. Aussi, les décisions politiques à l'égard des forêts reposent sur deux referents majeurs que sont la science issue de l'activité professionnelle et l'exercice de la démocratie.

Les fondements de l'action sociale issus de systèmes d'idées que sont les représentations sociales et culturelles, sont retenus comme voie d'exploration privilégiée. Les mémoires écrits, déposés dans le cadre de la Commission d'étude sur la gestion de la forêt publique québécoise, offrent une véritable opportunité en ce sens. D'abord, ils ont été écrits dans un contexte absolument indépendant de l'étude relative à la présente thèse. Aussi, ils constituent un grand nombre de textes de longueurs variées et parfois d'une longueur appréciable, écrits par des acteurs aux visions très variées et appartenant à des groupes qui le sont tout autant.

De manière préalable et plus fondamentale, le fait d'appartenir à un groupe social donné influence-t-il l'orientation du discours et les fondements entretenus dans ce dernier ? Très peu de travaux scientifiques ont été réalisés à ce jour sur les phénomènes d'ordre sociologique relatifs à la forêt, et ce, même à l'échelle de l'Amérique du Nord. La forêt demeure toutefois un bien public inestimable et peut se prêter à une multitude d'usages et de vocations parfois mutuellement exclusives. Aussi, il devient plus que jamais nécessaire d'avoir connaissance de ce que disent les divers acteurs impliqués dans la gestion forestière et les parties prenantes de cette dernière, notamment ceux qui ont participé aux audiences de la Commission Coulombe. Une analyse des modes de représentation retenus dans les discours permettrait d'esquisser une interprétation de ce que peut représenter une gestion que l'on souhaite voir s'harmoniser et s'intégrer à la poursuite du bien commun.

L'approche méthodologique se divise en trois étapes : l'une, qualitative, permet de comprendre la nature des propos et d'y associer des idées-centres. L'autre, semi-qualitative, permet de valider les propositions contenant la mention de l'une ou l'autre des idées-centres préalablement retenues. La dernière étape consiste en une analyse quantitative ou le portrait statistique de ces idées-centres pour un échantillon représentatif de la population québécoise.

Au terme de l'analyse, non seulement les résultats viennent confirmer l'hypothèse de départ mais ils révèlent des prises de position très nettes sur les pratiques forestières. Dans l'ensemble, les résultats suivent une logique compatible avec les grandes théories explicatives de l'action sociale et de l'apprentissage collectif. On constate une grande richesse dans l'univers des idées et des valeurs liées à la forêt. Cet univers d'images poursuit une évolution qui le fait s'organiser, se modeler. Certains angles de vue révèlent des modes d'organisation forts homogènes. À terme, ils révèlent des modèles dits empiriques. Comparativement à des modèles théoriques tels que Schwartz ou Boltanski, celui empirique élaboré dans le cadre de cette thèse révèle deux fois plus de cas de rupture communicationnelle que ceux tels que Schwartz ou Boltanski.

Cet univers apparaît maintenant seulement comme une photographie de la situation à l'époque de la Commission Coulombe. Qu'en sera-t-il dans l'avenir ? Une étude longitudinale sur le contenu des mémoires lors des consultations publiques subséquentes, permettrait de révéler un état dynamique quant à l'organisation des idées collectives sur la question forestière au Québec.

Type de document:Thèse ou mémoire de l'UQAC (Thèse de doctorat)
Date:2011
Lieu de publication:Chicoutimi
Programme d'étude:Doctorat en développement régional
Nombre de pages:325
ISBN:9781412317221
Identifiant unique:10.1522/030174759
Département, module, service et unité de recherche:Départements et modules > Département des sciences humaines > Programmes d'études de cycles supérieurs en développement régional
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s):Boudreault, Pierre-W
Déposé le:01 janv. 2011 12:34
Dernière modification:02 mai 2013 00:07
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