Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

La pandémie COVID-19 semble avoir eu un impact évident sur la santé mentale de la population mondiale, notamment en ce qui concerne la consommation de substances psychoactives (Bartel et al., 2020; Bonar et al., 2021; Canadian Centre on Substance Use and Addiction, 2020a; Ezquerra-Romano et Demirkan, 2020; Nordeck et al., 2022). Plusieurs études identifient les étudiant(e)s universitaires comme étant une population particulièrement à risque de répercussions négatives de la pandémie sur leur santé mentale (Branquinho et al., 2020; Busse et al., 2021; Kokkinos et al., 2022; Rotermann, 2020; Tsamaki et al., 2021). Cette recherche vise à identifier les facteurs associés aux changements de consommation d’alcool et de drogues chez les étudiant(e)s universitaires du Québec. Elle fait partie d’une étude longitudinale (ImpactCovid) concernant les conséquences à court, moyen et à long terme de la Covid sur la santé globale des communautés universitaires du Québec depuis mars 2020 (Bergeron-Leclerc et al., 2020). La présente recherche porte exclusivement sur les étudiant(e)s universitaires ayant participé au premier temps de mesure du projet ImpactCovid, ce qui correspond à la période d’avril à juin 2020. L’échantillon est formé de 1480 personnes étudiantes âgées entre 18 ans et 70 ans provenant de 9 universités québécoises. Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire sociodémographique, d’un questionnaire sur la gestion du stress, d’un questionnaire spécifique pour les personnes étudiantes, de la version francophone du General Anxiety Disorder-7 (GAD-7), de la version francophone du Patient Health Questionnaire-2 (PHQ-2), de la version francophone de l’Impact of Event Scale-6 (IES-6) et l’échelle de provisions sociales (ÉPS-5). Les résultats indiquent que les symptômes anxieux et dépressifs sont des déterminants entrainant un risque plus élevé d’augmentation de la consommation d’alcool durant la période d’avril à juin 2020. Les résultats ont également permis de démontrer que la présence de stress financier est reliée à la stabilité de la consommation de drogues des étudiant(e)s. L’état matrimonial a été identifié comme un facteur associé à la stabilité de la consommation autant pour la consommation d’alcool que pour la consommation de drogues. Par ailleurs, l’étude inclut un volet d’analyse portant sur les participant(e)s n'ayant pas répondu aux questions ciblant les habitudes de consommation de substances psychoactives. La parentalité des étudiant(e)s s’est révélée être un facteur corrélé au taux de réponse aux questions portant sur la consommation de substances. Ce phénomène est d’autant plus intéressant que la parentalité a été identifiée comme un facteur amplifiant l’effet des symptômes anxieux et dépressifs sur la consommation d’alcool. La conclusion souligne l’importance d’explorer les répercussions à long terme de la pandémie COVID-19 et de prendre en considération les différents aspects mis en relief dans cette étude pour l’amélioration d’activités de prévention ciblant la consommation de substances psychoactives des étudiant(e)s universitaires.