Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Cette communication présente un effort actuellement en cours au Saguenay-Lac Saint-Jean pour repenser le développement des communautés d’une façon cohérente avec les pratiques réelles. Cette expérience fait constater que le développement des communautés est devenu une pratique de la médiation entre acteurs (individuels ou organisationnels) dont les rapports soulèvent des controverses parfois tendues, mais fécondes dans l’élaboration de solutions adaptées aux problèmes que vivent les collectivités. Cette médiation s’appuie sur le fait que les sociétés modernes (« post-traditionnelles ») ont inscrit au cœur des agents qui les composent la capacité à se dire, se voir et se comprendre soi-même. Cette capacité réflexive fait d’eux des acteurs sociaux (Archer 2010) agissant au sein de systèmes complexes d’interdépendance, eux aussi dotés de la même capacité (Giddens 1991). La médiation est l’aménagement de zones d’interaction où pourra jouer cette réflexivité. À l’intérieur de ces régions, le sens se diffuse facilement et l’intercompréhension est rapide. Entre elles, il y a souvent déperdition de sens, incompréhension ou mécompréhension. À la frontière de ces régions, là où se côtoient ou se rencontrent ces régimes de sens, chacun tentera d’imposer sa propre façon de (conce)voir les choses. Cependant, même lorsqu’il s’agit d’un effort d’hégémonie, il faut ménager une traduction. Les rencontres de ces « mondes » relationnels et discursifs se manifesteront donc comme un ensemble de controverses (Callon 1986). La pratique réflexive en cours montre comment et sur quoi elles s’élaborent et fait ressortir l’importance des pratiques médiatrices dans la gestion de ces controverses.