Gaudreau Éloïse. (2013). Interprétations de la tension entre principes de lutte et pratique militante en matière de rapports de genre dans les organisations libertaires : le cas de l'Union Communiste Libertaire (UCL). Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.
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Résumé
Ce mémoire présente une analyse de Tarticulation des principes féministes et des pratiques militantes dans les organisations libertaires. Afin de déterminer les termes dans lesquels les militants et militantes 1'interprètent, 13 entrevues ont été réalisées avec des militant-e-s de l'UCL (l'Union Communiste Libertaire).
La pertinence de cette recherche repose sur trois éléments. Premièrement, la littérature portant sur les rapports de pouvoir genres au sein du militantisme mixte s'intéresse surtout aux partis politiques, syndicats et mouvements sociaux, alors que les recherches portant sur le milieu libertaire font rarement du genre leur entrée principale. Par ailleurs, la plupart des analyses étudient le contexte français, où la culture politique militante et le contexte sociohistorique modulent les rapports de genre de façon différente. De plus, la reproduction des rapports de pouvoir genres en dépit d'une volonté explicite de les subvertir nfa été que très peu explorée, et demeure une question ouverte, tant sur le plan politique que théorique.
Dans la vie militante, les rapports de pouvoir genres s'articulent principalement autour de l'enjeu de la division sexuelle du travail : invisibilisation du travail des femmes, appropriation des tâches rétribuables par les hommes, sous-représentation médiatique des femmes, disparité (quantitative et qualitative) en matière de prise de parole. Ces situations semblent en contradiction avec les idéaux des libertaires qui cherchent à combattre tous les systèmes d'oppression, tant au niveau de la société que de leurs rapports quotidiens au sein de leurs collectifs.
Les lieux et modalités de la reproduction des rapports de pouvoir permettent de supposer que la mouvance libertaire constitue bel et bien un mouvement social sexué (Kergoat, 1992, 2001 et 2010, Dunezat, 1998, 1999 et 2007). Est-ce que les militant-e-s perçoivent cette sexuation? Et l'interprètent-ils et elles en termes de tension, de contradiction, de cohérence?
Or, cette recherche montre que les militant-e-s de l'UCL n'interprètent pas le rapport entre principes égalitaires et pratiques inégalitaires en termes de contradiction. Ce terme recouvre mal une réalité beaucoup plus complexe, dont cette recherche tentera de rendre compte. Je montrerai que c'est l'idée de la tension qui est la plus pertinente pour illustrer le jeu dialectique et dynamique qui s'élabore entre les principes et les pratiques. Ceux-ci sont constamment réévalués et modifiés, à travers des débats, l'introduction, la modification ou la suppression de stratégies de gestion des rapports de pouvoir. Grâce à ces efforts et stratégies, les militant-e-s sentent que leur organisation devient de plus en plus égalitaire grâce à cette force de travail mise en oeuvre pour cheminer vers une cohérence toujours plus grande.
Les militant-e-s identifient les facteurs qui font en sorte que la tension est maintenue. D'une part, il n'y a pas de consensus, à l'UCL, sur ce qui constitue un rapport de pouvoir. L'UCL doit composer avec les définitions en tenues d'agressivité et les définitions plus systémiques (en termes d'inégalité de position entre groupes sociaux). La coexistence de plusieurs définition complique l'identification des situations qui constituent des rapports de pouvoir. En même temps, les militant-e-s reconnaissent les efforts individuels et collectifs qui sont mis en oeuvre pour modifier les rapports de genre. Cet optimisme est cependant tempéré par la conscience de l'inégalité des motivations envers la subversion des rapports de genre; des stratégies sont ridiculisées et banalisées par certains militants et de ce fait, elles semblent avoir moins d'effets.
Cette tension entre principes et pratiques, entre stratégies et résultats est interprétée de diverses façons. D'une part, les libertaires rencontré-e-s ne recourent pas à des explications essentialistes, préférant les explications qui renvoient aux structures sociales patriarcales et aux effets de la socialisation différenciée, notamment en matière de socialisation politique. Les femmes militantes, surtout, imputent la reproduction des rapports de pouvoir genres à une dynamique interne oppressive envers les femmes.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
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Date: | 2013 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Maîtrise en études et interventions régionales |
Nombre de pages: | 160 |
ISBN: | 9781412319522 |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des sciences humaines > Programmes d'études de cycles supérieurs en interventions régionales |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Tremblay, Marielle Tremblay, Pierre-André |
Déposé le: | 06 juin 2014 08:26 |
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Dernière modification: | 06 juin 2014 12:26 |
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