Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Dans un contexte de récupération des déchets forestiers, l’entreprise Industries John Lewis (IJL) cherche depuis plusieurs années à valoriser l’un de ses résidus industriels : l’eau de déroulage de bouleau. Cette eau, brune et turbide, s’écoule à raison de 6000 à 8000 litres par jour des troncs de bouleau à papier, et était jetée dans sa totalité avant qu’un projet de valorisation ne soit initié entre IJL et le Laboratoire d’Analyse et de Séparation des Essences Végétales (LASEVE). Des travaux préliminaires réalisés au LASEVE ont révélé que l’extrait enrichi de l’eau de déroulage possédait un potentiel antioxydant. Cette activité étant très recherchée dans le domaine de la cosmétologie, le but de ce projet était donc de préparer un extrait actif pouvant être utilisé dans des formulations cosmétiques et d’identifier les molécules responsables son activité biologique. Un extrait enrichi en composés phénoliques a été produit à partir de l’eau de déroulage de bouleau. La méthode d’extraction a été développée en utilisant des solvants peu toxiques (eau et éthanol) afin d’obtenir un extrait exploitable dans le secteur des cosmétiques. Un travail de fractionnement a par la suite été réalisé sur l’extrait enrichi. Le suivi biologique des étapes de fractionnement a permis l’isolation et l’identification de dix composés purs dont la majorité possède un fort potentiel antioxydant mesuré à l’aide du test ORAC : le lyonirésinol (ORAC 15 ± 2 μmol Trolox/mg), le carpinontriol A (ORAC 29 ± 8 μmol Trolox/mg), le lyoniside (ORAC 10 ± 3 μmol Trolox/mg), le nudiposide (ORAC 10 ± 3 μmol Trolox/mg), le betulatétraol (ORAC 18,6 ± 0,4 μmol Trolox/mg), le glucoside de lyonirésinol (ORAC 10,1 ± 0,3 μmol Trolox/mg), le rhamnoside de triméthoxyphénylsyringoyl glucose, le glucoside d’hannokinol (ORAC 22,3 ± 0,3 μmol Trolox/mg), le koaburaside monométhyl éther et le kelampayoside A. Parmi ces molécules, quatre n’avaient pas été isolées de l’eau de déroulage lors des travaux préliminaires (glucoside de lyonirésinol, rhamnoside de triméthoxyphénylsyringoylglucose, glucoside d’hannokinol et koaburaside monométhyl éther), une n’avait jamais été isolée de plantes de la famille des Betulaceae (koaburaside monométhyl éther) alors qu’une n’avait jamais été rapportée dans la littérature (rhamnoside de triméthoxyphénylsyringoyl glucose). En plus de présenter une bonne activité antioxydante, l’extrait enrichi s’est révélé non toxique pour les cellules de la peau. Ainsi, cet extrait a pu être fourni au laboratoire Boréaderme pour des tests de formulation cosmétique qui ont mené à la création d’une première gamme cosmétique désormais commercialisée : la gamme Betula du laboratoire Boréaderme.