Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

L’éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax) et le poulamon atlantique (Microgadus tomcod), deux espèces de poisson-fourrage anadromes de la zone de transition estuarienne du Saint-Laurent, sont visées par une importante pêcherie sportive au Québec. La qualité des sites de reproduction de ces espèces a considérablement diminué au courant des années 1980, principalement associée aux pratiques anthropiques. Ceci mena à une diminution de la fréquentation de plusieurs sites de reproduction et ultimement à une baisse notable de leur abondance. L’éperlan arc-en-ciel du sud de l'estuaire est dorénavant recensé à sept sites lors de la reproduction printanière, tandis qu’une montaison hivernale de poulamons atlantiques a lieu principalement dans les rivières Sainte-Anne et Batiscan, en Mauricie. Une meilleure compréhension de la structure des stocks et de l’importance relative des frayères résiduelles de ces deux espèces s’avère essentielle considérant le statut vulnérable de la population d’éperlan arc-en-ciel du sud de l’estuaire en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV) et l’importance économique et écosystémique du poulamon atlantique. La présente étude vise ainsi à explorer le potentiel de la chimie des otolithes dans l’optique de définir la structure des stocks d’éperlan arc-en-ciel de la rive sud de l’estuaire et du poulamon atlantique. Une distinction marquée des signatures élémentaires a été observée entre les sites de reproduction de l’éperlan arc-en-ciel du sud de l’estuaire. Deux signatures élémentaires distinctes ont également été observées au sein des individus du stock capturés au niveau de l’estuaire moyen du Saint-Laurent, indiquant que deux sources principales contribueraient au renouvellement de l’éperlan présent dans l’estuaire. Néanmoins, les signatures élémentaires des sites de reproduction ne concordaient pas avec celles des deux sources. Ceci pourrait potentiellement indiquer la présence d’importants sites de reproduction non connus à ce jour, pouvant appartenir à la population de la rive sud, mais aussi à celle de la rive nord. De son côté, deux principales sources contribueraient au stock de poulamons atlantique de l’estuaire du Saint-Laurent. Basée sur les concentrations d’éléments traces observées au niveau des sites de reproduction, la rivière Sainte-Anne serait le principal contributeur au renouvellement du stock, tandis que la rivière Batiscan contribuerait de manière plus marginale. Les informations acquises dans cette étude soulignent l’importance de considérer la contribution des frayères dans les décisions de gestion. Ces connaissances permettent de cibler les efforts de conservation et de gestion sur les sites contribuant majoritairement au recrutement ou restaurer celles qui y contribuent dans une moindre mesure pour favoriser la pérennité de ces deux espèces de haute importance aux plans écologiques et socio-économiques.