Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Les poissons fourrages littoraux constituent un maillon essentiel, quoique souvent méconnu, des réseaux trophiques aquatiques. Ce terme rassemble tous les petits poissons (jeunes de l’année et adultes) qui nourrissent les poissons piscivores, dont plusieurs sont ciblés par la pêche sportive. Au lac Saint-Jean, il s’agit de l’éperlan arc-en-ciel, du méné émeraude, du méné à tache noire, du naseux des rapides, de la ouitouche, de l’omisco, du fouille-roche zébré d’un an et plus (≥1+) et des jeunes de l'année (0+) de catostomidés (meunier rouge et meunier noir) et de perchaude. Le projet d’acquisition de connaissances sur les poissons fourrages littoraux du lac Saint-Jean est porté par les intervenants du milieu régional et a pour but de mesurer les variations interannuelles de l’abondance de ces différentes espèces indicatrices.

L’échantillonnage des poissons fourrages littoraux du lac Saint-Jean a été effectué à 162 stations par deux équipes de trois échantillonneurs du 4 au 20 juillet 2022, entre 05:00 et 13:00. La turbidité (NTU) et la température (˚C) de l’eau étaient mesurées à chaque station suivant le coup de seine. En 2022, 25 878 poissons (23 500 jeunes de l’année et 2 378 poissons d’un an et plus) ont été capturés c’est-à-dire le plus faible nombre de jeunes poissons de l’année et total capturés depuis le début du projet en 2019. L’abondance relative moyenne calculée d’après la moyenne géométrique était de 52 poissons par coup de seine (0+ et ≥1+). Les indices d’abondance des espèces indicatrices mesurés en 2022 étaient cependant similaires à ceux mesurés en 2021 et 2020, et les indices d’occurrence à ceux obtenus en 2019. Les espèces indicatrices présentant les indices d’abondance les plus élevés sont la perchaude 0+ et les catostomidés 0+, ainsi que le fouille-roche zébré ≥1+. L’indice d’occurrence révèle que ces espèces étaient aussi celles les plus fréquemment capturées. Les abondances de plusieurs espèces indicatrices de poissons fourrages littoraux étaient statistiquement corrélées à la turbidité et à la température de l’eau, la corrélation la plus élevée venant avec l’abondance du méné à tache noire ≥1+ (ρ = 0,41; p <0,0001). Le total des poissons fourrages ≥1+ (ρ = 0,33; p <0,0001) était aussi fortement corrélé à la turbidité, comme c’était le cas en 2021 et 2020.