Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

La tordeuse des bourgeons de l’épinette ((Choristoneura fumiferana Clem.)TBE) est un insecte indigène présent dans toutes les régions du Canada. Il se nourrit au printemps des aiguilles des conifères tels que le Sapin Baumier (Abies balsamea L. (Mill.)) et l’épinette noire (Picea mariana (Mill.) B.S.P.). Après plusieurs années de défoliation consécutive par la larve de la TBE, les arbres présentent un taux de mortalité élevé, entraînant une grande perte économique pour l’industrie du bois d’oeuvre. À l’ère où les changements climatiques sont l’une des principales préoccupations sociales, économiques et scientifiques, il est important de bien comprendre la fréquence et l’intensité des perturbations passées afin de mieux prédire celles qui auront lieu dans le futur. Pour ce faire, la paléoécologie est utilisée pour retracer les épidémies de la TBE qui ont eu lieu dans le passé. Une nouvelle méthode originale a été développée et il s’agit des écailles du papillon de la TBE retrouvées dans les sédiments lacustres. La présente étude vise à comprendre le patron de sédimentation des écailles du papillon de la TBE dans les sédiments lacustres boréaux en fonction de la défoliation autour des lacs afin d’approfondir les connaissances de ce nouveau paléo-indicateur. Plus précisément, les objectifs sont d’identifier si celles-ci sédimentent rapidement en plus de vérifier s’il existe une relation entre le nombre d’écailles retrouvées dans les sédiments lacustres annuels et la défoliation totale du peuplement adjacent. Aussi, la proximité des trappes à sédiments au bord des lacs à l’étude ainsi que la valeur de NDVI des peuplements forestiers entourant le lac ont été testées comme variable potentielle. Les résultats obtenus ont démontré que les écailles du papillon de la TBE sédimentaient dans l’année suivante de leur production, ce qui est expliqué par les brassages bisannuels des lacs boréaux qui remettent en suspension les particules ainsi que la structure des écailles permettant leur flottabilité. Aussi, le nombre d’écailles retrouvées dans les sédiments lacustres annuels est significativement plus élevé pour les sites à l’étude où l’épidémie était sévère, mais sans différence statistique entre une période endémique et le tout début d’une épidémie. Ce résultat est expliqué par le fait que plus un peuplement est défolié, plus il y a de larves de la TBE et ainsi plus de papillons qui se retrouveront un jour ou l’autre sur les lacs à proximité et sédimenteront. Comme la TBE est toujours présente dans les forêts canadiennes, il a été impossible de différencier statistiquement une période endémique, donc sans défoliation, au tout début d’une épidémie. Les résultats ont également démontré qu'il n'existe aucune différence significative quant à l’endroit où les trappes à sédiments étaient positionnées dans les lacs. Le même résultat a été observé entre les valeurs du NDVI des peuplements forestiers et le nombre d’écailles de le TBE retrouvées dans les sédiments lacustres. Ce dernier est attribuable à la présence de coupe partielle qui a faussé les résultats à ce niveau. Ces résultats viennent donc renforcer le fort potentiel des écailles du papillon de la TBE en tant que paléo-indicateur.