Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Afin de comparer la croissance de marcottes adultes d'épinette noire (Piceamariana (Mill.) BSP) après coupe à celle d'épinettes noires d'origine sexuée d'âge comparable, des courbes de croissance en diamètre, en hauteur et en volume total ont été réalisées grâce à l'analyse de tige de 112 individus récoltés dans la Réserve faunique des Laurentides. La moitié des épinettes noires provenait de coupes réalisées entre 1894 et 1941, l'autre de feux de forêt datant de la même période. L'analyse de tiges a aussi permis d'évaluer l'activité cambiale, estimée à l'aide de l'accroissement spécifique en volume, qui correspond au taux annuel de croissance en volume divisé par la surface du cambium. Il appert que la hauteur, le diamètre à hauteur de poitrine et le volume atteints 60 ans après coupe sont mieux corrélés à la hauteur de la régénération préétablie au moment de la coupe (Ho) qu'au nombre d'années passées sous couvert. Les accroissements annuels moyens en hauteur et en diamètre à hauteur de poitrine des marcottes sont proportionnels à la hauteur initiale lorsque celle-ci est inférieure à 2 m. Au-delà de 2 m, les accroissements annuels moyens en hauteur et en diamètre à hauteur de poitrine décroissent en fonction de la hauteur initiale. Ces relations comportent toutefois une importante variance, si bien que sur plus des deux tiers de la période de temps considérée, les taux de croissance annuelle courants en hauteur et en diamètre ne diffèrent pas significativement (α = 0,05) entre les petites (Ho < 1 m), les moyennes (1 m ≤ Ho ≤ 2 m) et les grandes marcottes (Ho > 2 m). Conséquemment, la supériorité des marcottes de plus grande taille provient principalement de l'avance dont elles bénéficient dès le moment de la coupe. Le taux de croissance en volume total est corrélé positivement à la taille initiale jusqu'à environ 60 ans après la coupe. Cependant, aucune relation significative n'a pu être identifiée entre la taille initiale des marcottes et leur accroissement spécifique en volume après la coupe. En conséquence, les différences d'accroissement en volume entre les petites, moyennes et grandes marcottes sont dues à des différences de surface cambiale. Les épinettes noires d'origine sexuée présentent en moyenne des accroissements spécifiques en volume ainsi que des taux de croissance en hauteur et en diamètre significativement supérieurs à ceux des épinettes de seconde venue jusqu'à la cinquantième année après l'origine du peuplement, après quoi les différences observées ne sont plus significatives. Les individus d'origine sexuée rattrapent ainsi l'avance des épinettes de seconde venue, si bien que 40 ans après l'origine du peuplement, les épinettes noires issues de graines ont un diamètre à hauteur de poitrine, une hauteur et un volume comparables à ceux des marcottes qui avaient entre 1 et 2 m au moment de la coupe. Ni la classe de drainage, ni le degré de compétition (évalué par la densité ponctuelle) n'ont montré d'effet significatif sur la croissance en hauteur, en diamètre ou en volume. D'autre part, les épinettes noires étudiées présentaient des réductions de croissance en hauteur et en diamètre associées à la dernière épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette (Choristoneurafumiferana Clem.) dans la Réserve faunique des Laurentides. À la lumière de ces résultats, on peut déduire que la performance des peuplements de seconde venue comparée à celle des peuplements naturels issus de graines après feu dépendra d'abord de la densité de la régénération préétablie ainsi que de la répartition des tiges parmi les différentes classes de hauteur.

Analysis was performed on 112 stems of black spruce (Piceamariana (Mill.) BSP) from the Réserve faunique des Laurentides to compare the growth in height, DBH, and volume of layers released by clear-cutting to the growth of individuals of comparable age originating from seeds after fire. The sampled stands originated from fires and clear-cuttings that occurred between 1894 and 1941. Stem analysis also permitted the calculation of specific volume increment, which corresponds to the annual volume increment divided by the surface of the cambium. Results show that height, DBH, and volume measured 60 years after clear-cutting were better correlated to the height of the advanced growth at the moment of release (Ho) than to the number of years of suppression. The mean annual increments in height and DBH of released layers were positively related to height at the year of logging when the height was less than 2 m. When layers were taller, mean annual increments in height and DBH were negatively related to initial height. These relationships were however variable, since for two-thirds of the stand's life, the periodic annual increments in height and diameter did not differ significantly (α = 0.05) between small (Ho < 1 m ), medium (1 m ≤ Ho ≤ 2 m), and large second-growth spruces (Ho > 2 m). The superiority of taller layers is consequently due to greater heights before release. Volume growth rate of layers was positively related to initial height until approximately 60 years after clear-cutting. However, no differences in specific volume increment could be associated with initial height. Therefore, the relationship between initial height and volume increment can be attributed to the difference of cambial area between small, medium, and large second-growth spruces. Black spruce originating from seeds had greater height, DBH, and specific volume increments than second-growth trees, until about 50 years after stand origin. Thereafter, growth rates are comparable. Consequently, after 40 years, stands originating from seeds are comparable in height, volume, and DBH to layers that reached between 1 and 2 m in height after clear-cutting. Neither drainage class nor point density had a significant effect on the sampled black spruces. Stem analysis also revealed an important growth reduction that can be associated with the last spruce budworm (Choristoneurafumiferana Clem.) outbreak in the Réserve faunique des Laurentides. We can deduce from the results of this study that the performance of second-growth stands compared with fire-origin stands will mainly depend on the density of the advanced growth and its height structure.