Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Le terme sextage est la contraction du mot sexe et textage, et réfère à la production, l’envoi, la réception et la retransmission de contenu sexuellement explicite par les voies des communications électroniques (Barrense-Dias et al., 2017; Klettke et al., 2014). Une méta-analyse récente démontre que les comportements de sextage chez les adolescents ont significativement augmenté dans la dernière décennie (Madigan et al., 2018). Les conséquences négatives associées aux comportements de sextage sont nombreuses et elles touchent différentes sphères de la vie des jeunes et de leur entourage. La présente étude, qui s’inscrit dans un projet plus large, a évalué la prévalence et les facteurs associés à différents comportements de sextage chez les adolescents, soit la production, l’envoi et la retransmission de sextos. Les sextos ont été définis comme étant des photos ou des films qui démontrent la personne elle-même nue ou semi-nue (sexuellement explicite). Cette étude observationnelle transversale a été réalisée auprès de 1089 adolescent(e)s de secondaire 4 et 5 (âge moyen = 16 ans). Le taux de participation parmi les adolescents sollicités a été de plus de 98 %. Des questionnaires auto-rapportés ont été utilisés. Les résultats démontrent tout d’abord qu’environ un jeune sur quatre a déjà produit et a déjà envoyé des sextos et qu’environ 3 % des jeunes a déjà retransmis des sextos reçus à des tiers. Les régressions logistiques ont évalué 11 facteurs. Le genre féminin, l’attirance sexuelle autre qu’hétérosexuelle, l’impulsivité et un plus grand nombre de partenaires sexuels augmentent la probabilité de s’engager dans la production de sextos, tandis qu’une plus grande estime de soi, le fait de ne pas avoir eu de relation sexuelle et le fait de ne pas avoir eu de relation sexuelle occasionnelle en diminuent la probabilité. L’impulsivité augmente la probabilité de s’engager dans l’envoi de sextos, tandis qu’une plus grande estime de soi et le fait de ne pas avoir eu de relation sexuelle en diminuent la probabilité. Un plus grand nombre de partenaires sexuels augmente la probabilité de s’engager dans la retransmission de sextos, tandis que le genre féminin et le fait de ne pas avoir eu de relation sexuelle occasionnelle en diminuent la probabilité. L’étude démontre l’importance du phénomène du sextage chez les adolescents et la pertinence de sensibiliser les jeunes aux risques possibles de cette pratique. Les résultats pourront contribuer à l’élaboration de campagnes de prévention dans les médias et les écoles où le sextage devrait être abordé dans les cours d’éducation à la sexualité. De surcroit, la présente étude met en lumière la nécessité de considérer le sextage lors des interventions cliniques auprès des adolescents.