Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

La mémoire de travail (MDT) est une fonction cognitive importante au quotidien (p. ex. faire des calculs mentaux, traduire des instructions en actions, faire des liens entre des concepts ou des informations). Parmi les personnes qui éprouvent des difficultés sur le plan de la MDT, celles qui présentent une déficience intellectuelle (DI) en font partie. La présente étude a pour objectifs 1) d’explorer si des acquis peuvent être présents en MDT, visant à en améliorer son efficience, chez des élèves ayant une DI, et 2) d’évaluer si ces acquis se maintiennent 6 et 12 mois plus tard. Pour y arriver, le choix d'une étude descriptive par étude de cas multiples (données qualitatives et quantitatives) a été privilégié pour permettre de comprendre en profondeur le phénomène à l’étude. Au total, cinq élèves du primaire et du secondaire âgés de 10 à 15 ans (M = 13 ans, ET = 2,14 ans) ayant une DI légère ou moyenne ont bénéficié de la démarche d’intervention de façon individuelle, intensive et ciblé (trois fois par semaine pendant 10 semaines). Pour évaluer la MDT, la combinaison de mesures standardisées (évaluation des modalités visuospatiale et verbale) et d’une mesure écologique, permettant de mesurer les retombées de la démarche dans le quotidien des participants, a été retenue. Cette batterie de tests a été administrée à quatre temps de mesure : avant la démarche, immédiatement après la démarche, 6 et 12 mois plus tard. En raison des limitations cognitives connues chez cette population, il est attendu que les résultats quantitatifs soient modestes. Par conséquent, afin de mieux contextualiser ces derniers et de les comprendre avec une perspective clinique, des observations qualitatives ont été récoltées tout au long de la démarche d'intervention ainsi que lors des mesures standardisées. L’analyse des résultats quantitatifs (intracas et intercas) suggère que certains participants obtiennent des acquis modestes dans les deux modalités (visuospatiale et verbale) immédiatement après la démarche. De plus, le maintien de ces acquis est possible de 6 à 12 mois plus tard, sans que cela soit généralisé. Par ailleurs, les résultats suggèrent que les acquis et leur maintien des items (contexte simultané) comparativement à ce qui est observé dans les tâches où il importe de respecter un ordre de rappel (contexte séquentiel). Concernant la mesure écologique, certains participants ont montré des progrès dans des comportements de nature semblables aux tâches de la démarche et d’autres ont vu leur attention s’améliorer. Les observations qualitatives ont permis de mettre en évidence que plusieurs caractéristiques cognitives des participants ont interféré négativement sur leur performance aux tâches proposées en MDT : difficultés attentionnelles, difficultés langagières, faible empan en MDT, présence de rigidité cognitive et lacune dans le traitement séquentiel de l’information. Par ailleurs, ces observations représentent une force de l’étude, car elles ont permis de mieux comprendre dans quel contexte des acquis sont présents ou absents dans les mesures standardisées. Néanmoins, le faible échantillon dans l’étude et l’absence de groupe contrôle limitent la généralisation des résultats. Finalement, il serait intéressant de voir comment la démarche d’intervention pourrait être bonifiée pour soutenir davantage les tâches en traitement séquentiel afin de permettre aux participants de progresser de façon plus importante à ce niveau. Une avenue à explorer serait d’intégrer la double modalité (visuelle et verbale) dans chacune des tâches d’entraînement.