Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Une étroite relation lie réciproquement l’abondance de la ouananiche (Salmo salar) du lac Saint-Jean à celle de sa proie préférentielle, l’éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax). Conséquemment, la gestion de la ouananiche dans ce plan d’eau est directement reliée à celle de l’éperlan. Vingt-cinq (25) îlots rocheux y ont été aménagés durant l’hiver 2017 afin de favoriser la reproduction naturelle de l’éperlan et de contribuer à sa productivité pour la ouananiche. Ces frayères artificielles ont été réparties sur le vaste haut-fond de sable au large de l’embouchure de la rivière Mistassini, qui correspond au principal habitat de fraie de l’espèce au lac Saint-Jean. Les frayères ont fait l’objet d’un troisième et dernier suivi au printemps 2021, le premier ayant eu lieu en 2017 et le second en 2019. Les objectifs du suivi étaient (1) de valider l’utilisation des îlots rocheux par les éperlans reproducteurs et (2) d’estimer leur contribution à partir de la production larvaire observée dans le secteur aménagé. Deux-cent-sept (207) œufs d’éperlan, répartis sur 19 des 25 frayères aménagées, ont été récoltés du 27 avril au 17 mai 2021. Des œufs d’éperlan ont été récoltés à chaque année de suivi sur les frayères aménagées, ce qui confirme leur utilisation par l’éperlan lors de la fraie. Les frayères sont toujours en bon état cinq ans après leur construction. Tout comme dans les suivis précédents, la distribution de l’abondance des larves capturées du 7 au 29 mai 2021 montre que le foyer de production se trouvait au centre du secteur aménagé et dans ses environs rapprochés. L’abondance des larves vésiculées (stade A) est, depuis la mise en place des aménagements, plus élevée que les valeurs observées avant la construction des frayères (2013, 2014 et 2016). En outre, les aménagements semblent contribuer à une certaine vigueur du recrutement de l’éperlan arc-en-ciel face aux évènements hydrologiques intenses des printemps 2017, 2018 et 2019, ainsi qu’à la forte pression de prédation de 2021.