Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Les estuaires, ces zones de transition marquées de gradients environnementaux, supportent des habitats hétérogènes et comptent parmi les milieux les plus productifs. Grâce à ses ressources alimentaires foisonnantes, la zone de turbidité maximale de l’estuaire du Saint-Laurent soutient une zone d’alevinage cruciale pour plusieurs espèces de poisson. La maîtrise a pour objectif de décrire et comparer les assemblages des invertébrés pélagiques et littoraux le long du gradient estuarien. Accessoirement, l’étude vise à associer l’occurrence des premiers stades de vie du bar rayé aux assemblages d’invertébrés, et ce, durant toute de la saison de croissance de l’espèce, de juin à septembre. Elle permet également d’améliorer les connaissances sur les habitats estuariens littoraux, par ailleurs peu caractérisés à travers le monde, en offrant une première description de la composition des invertébrés planctoniques et supra-benthiques littoraux à proximité de l’intertidal dans l’estuaire fluvial et moyen du Saint-Laurent. De juin à septembre 2014, 54 stations pélagiques et 188 stations littorales ont été échantillonnées au moyen de filet bongo, seine de rivage et sonde CTD. Une sous-sélection de 20 stations pélagiques et 68 stations littorales a été analysée. Ces stations ont été caractérisées en termes de physicochimie, de présence de bar rayé et d’assemblages d’invertébrés, notamment de zooplancton. Trois habitats estuariens ont été préalablement circonscrits : un habitat en amont associé à l’estuaire fluvial (Up); un habitat correspondant à la portion amont de la zone de turbidité maximale dans l’estuaire moyen (ETM); et finalement un habitat en aval de la zone de turbidité maximale de l’estuaire moyen (Down). Les suivis de juin à septembre 2014 ont permis l’identification de 122 taxons et stades de développement parmi les habitats Up, ETM et Down, de juin à septembre. En juin, en milieu pélagique, l’assemblage Up était plus riche, plus équitable et plus diversifié sur la base des données d’abondance. Les larves de bar rayé étaient plus abondantes dans l’habitat ETM, dont l’assemblage était constitué de Gammaridae, de Bosmina sp. et d’Eurytemora affinis. Par ailleurs, la composition des assemblages Up et ETM ne se distinguait pas, probablement en raison de leur faible salinité, et seul l’assemblage Down était circonscrit, caractérisé par les calanoïdes de stades nauplii et copépodites C1-C3. En milieu littorale de juillet à septembre, les assemblages Up, ETM et Down ne se distinguaient pas en composition. Les taxons qui contribuaient en abondance à la similarité étaient E. affinis, Gammaridae, Neomysis americana, Ostracoda, Diptera, Hemiptera, Hydracarina et Gasteropoda, ce qui a mis en évidence la contribution des organismes supra-benthiques dans les eaux peu profondes. La distribution de ces taxons parmi les habitats était stable au cours de la saison. Finalement, nos résultats en lien avec les premiers stades de vie du bar rayé étaient en adéquation avec les conclusions d’études récentes qui fournissaient des informations révélatrices sur le comportement alimentaire du bar rayé, qui semblait adopter un régime opportuniste en consommant les taxons les plus abondants de son environnement.