Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Ce mémoire étudie les dynamiques collaboratives de la gouvernance alimentaire à partir de l’étude de la démarche Borée dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Nous nous intéressons plus particulièrement aux défis rencontrés par les partenaires intersectoriels dans la mise en place de cette initiative, ainsi que les mécanismes qui ont favorisé la collaboration. Nous avons mené une étude de cas, dans une approche praxéologique, qui nous a permis de participer à la démarche et de constater ses effets. Cela incluait treize entrevues semi-dirigées avec des partenaires du Comité Borée et l’examen des documents pertinents. En utilisant le cadre conceptuel de la gouvernance collaborative, développé par Ansell et Gash (2008) et revu par Emerson et al. (2012), nous avons effectué une description détaillée de l’exercice de création d’une initiative de gouvernance alimentaire à l’échelle régionale. Nos résultats indiquent que la mise en place de mécanismes d'animation inclusifs, favorisant la participation active dans un cadre sécuritaire, a été bénéfique pour développer la confiance et une compréhension commune entre les parties prenantes qui avaient initialement peu l'habitude de travailler ensemble. En général, les acteurs impliqués ont pu justifier leur participation dans la démarche en raison d'un potentiel d'action accru pour atteindre leurs objectifs. Plusieurs ressources ont été essentielles pour mobiliser les partenaires, allant des ressources financières et techniques à l'expertise et aux connaissances du milieu. La mise en lien d'acteurs centraux a été un levier pertinent pour favoriser la diffusion des connaissances. Nos résultats ont également mis en lumière l'importance d'un leadership pluriel et permanent pour mobiliser et rassembler les parties prenantes, ainsi que la priorisation de résultats plus simples, mais successifs en début de démarche pour instaurer et entretenir la confiance entre les partenaires. Bien que la formalisation d’une structure de gouvernance et de procédures de fonctionnement représente un enjeu critique, ce processus peut également démobiliser les partenaires. Prendre le temps d’expérimenter et de comprendre les rôles individuels et collectifs en premier lieu peut aider à construire l’identité du collectif, tester une forme de gouvernance et l’adapter au fil des expérimentations. Notre recherche démontre également que de nombreux défis sont encore à relever quant à l’arrimage entre les échelles territoriales et à la pérennité des structures de gouvernance alimentaire, qui semblent de plus en plus nécessaires pour gérer de façon durable les enjeux systémiques de l’alimentation.