Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Les coupes totales sont souvent pratiquées à des intervalles plus courts que les cycles de perturbation naturelle des forêts, ce qui empêche les vieux peuplements de développer une structure plus complexe. Les coupes progressives irrégulières (CPI) sont généralement proposées comme un outil pour préserver des attributs des vieilles forêts à structure complexe. En raison de son affinité pour les vieilles forêts et le bois mort, le Pic à dos noir (Picoides arcticus Swainson) a été choisi comme espèce focale pour aborder les questions de gestion écosystémique liées aux vieilles forêts boréales de conifères. Nous avons évalué la sélection de l’habitat à deux échelles différentes : le paysage et le domaine vital. Il était attendu à ce que les pics sélectionnent uniquement les CPI à l’échelle de leur domaine vital et que la sélection s’effectue selon la proportion de bois mort récent. L’analyse de sélection de l’habitat a été réalisée à l’aide de modèles linéaires généralisés simples avec un lien logit. Les pics ont sélectionné les CPI à l’échelle du paysage. À l’échelle du domaine vital, c’est le diamètre des chicots récemment morts qui a le plus dicté la sélection de l’habitat d’alimentation et de nidification. Contrairement à notre hypothèse, le volume des chicots récents n’a pas été déterminant dans la sélection de l’habitat à l’échelle du domaine vital. Ceci s’explique par le fait que le bois mort ne semble pas avoir été un élément limitant dans les différents habitats de notre zone d’étude. En effet, la valeur minimale observée dans nos domaines vitaux était de 39 m3/ha de bois mort total dont 17 m3/ha (43%) de bois mort récent. L’étude a permis de démontrer que les coupes progressives irrégulières récentes (maximum 3 ans d’âge) permettent le maintien d’une espèce associée aux attributs des vieilles forêts tant que de gros chicots sont présents. Nous proposons que des CPI soient effectuées dans les vieilles forêts où le régime de perturbations modérées commence à se produire afin de faire évoluer la forêt vers une vieille forêt en transition. Cette étude participe à combler les lacunes dans le suivi de l’efficacité de la gestion écosystémique pour le maintien d’attributs clés d’habitat d’espèces sensibles à l’aménagement forestier.