Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Le Québec est un des plus grands producteurs de bleuets sauvages (Vaccinium angustifolium Aiton and Vaccinium myrtilloides Michaux) au monde. Par conséquent, la culture du bleuet sauvage a un impact significatif dans l’économie de cette province et particulièrement dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui regroupe à elle seule les trois-quarts des producteurs de bleuets sauvages québécois. Afin d’optimiser la productivité, différents travaux de recherche ont été entrepris sur la production du bleuet sauvage au Québec au cours des dernières années. L’étude des pratiques agricoles et de leurs effets sur la qualité des sols, dont notamment les champignons du sol, figure parmi les sujets prioritaires. Du fait que le bleuet sauvage prolifère sur des sols acides où les nutriments sont rares et la matière organique récalcitrante, les champignons saprotrophes (SAP) et les champignons à mycorhizes éricoïdes (CME) sont essentiels à son développement et à sa productivité par leurs rôles de décomposeurs mais aussi de symbiotes dans le cas des CME. Parallèlement à ceci, l’application de fertilisants et de fongicides sont des pratiques courantes dans la culture du bleuet sauvage afin d’améliorer les rendements en fruits et de contrôler plusieurs maladies fongiques. Ces intrants peuvent toutefois avoir un impact négatif sur les champignons du sol et le sujet n’est pas bien documenté. Le présent projet a donc pour objectif principal d’évaluer l’effet des applications de fertilisant et de fongicide sur l’abondance et la croissance des CME et des SAP dans la culture du bleuet sauvage. L’hypothèse vérifiée est que les traitements de fertilisant et de fongicide auront un impact négatif sur ces champignons. Nous avons évalué la biomasse et l’abondance fongiques du sol dans une bleuetière commerciale au Lac-Saint-Jean, Québec (Canada) dans laquelle un fertilisant minéral (50 N kg ha-1) et un fongicide (0,315 L ha-1 Proline 480 SC) ont été appliqués depuis 2017 durant la phase végétative, c.-⁠à-⁠d. à tous les deux ans. Cette régie correspond à celle appliquée par les producteurs de bleuets sauvages locaux. Des sacs de sable en nylon (maille de 50 μm) ont été incubés dans le sol pendant 30 et 90 jours durant deux saisons de croissance afin de récolter des hyphes fongiques. La biomasse fongique a été évaluée par des mesures de longueur des hyphes et de contenu en matière organique dans les sacs de sable. Des échantillons de sol ont également été prélevés pour effectuer des analyses moléculaires, afin d’évaluer la structure des communautés fongiques. Nos résultats ont démontré que l’application de fongicide a fait augmenter la longueur des hyphes d’environ 25% en comparaison au contrôle et que le fertilisant n’a pas eu d’impact sur la longueur des hyphes. La structure de la communauté fongique n’a pas été influencée par l’application de fertilisant et de fongicide. Nos résultats suggèrent que les pratiques agricoles extensives dans la culture du bleuet sauvage n’affectent pas négativement les communautés fongiques du sol, ce qui infirme notre hypothèse initiale. Toutefois, des recherches à long terme et dans différentes bleuetières sont encore nécessaires pour évaluer l’effet cumulatif de ces pratiques après plusieurs années et dans des contextes pédoclimatiques différents.