Aurousseau Emmanuelle, Couture Christine, Kaine Élisabeth, Rock Julie, Pinette Sylvie, Duquette Catherine et Vachon Jean-François. (2025). Mobilisation des perspectives autochtones dans les programmes scolaires. Université du Québec à Chicoutimi, Chaire UNESCO en transmission culturelle, Centre des Premières Nations Nikanite, Institut Tshakapesh.
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Résumé
Cette recherche postdoctorale se situe dans le cadre plus vaste de l’Action concertée en sécurisation culturelle (FRQSC, 2020-2023) qui vise à développer des exemples de pratiques de sécurisation culturelle (Brascoupé et Waters, 2009; Leclerc, Vézeau-Beaulieu, Rivard et Miquelon, 2018; Lévesque, 2015) avec des personnes des milieux éducatifs au nord du 49e parallèle, plus précisément sur la Côte-Nord, qui interviennent auprès d’enfants, d’élèves et d’étudiant.e.s innu.e.s, et de leur famille. Elle porte sur la mobilisation des perspectives des Premiers Peuples dans les programmes scolaires, essentiellement au primaire et au secondaire, en cohérence avec les appels à l’action de la Commission royale sur les peuples autochtones (2013) et la Commission de vérité et réconciliation (2015). Ces commissions rappellent le rôle qu’a joué l’éducation dans la volonté d’assimilation des peuples autochtones par le gouvernement, mais aussi l’importance fondamentale qu’elle occupe dans le mouvement de réconciliation comme « fondement de l’avenir des Premières Nations » (Lévesque et Polèse, 2015, p. 45). Dans ce contexte, les peuples autochtones veulent que les savoirs et les modes d’apprentissage autochtones soient pris en compte dans les curriculums. Cette recherche postdoctorale contribuera à aller dans cette direction. Des concepts qui permettent d’avoir une bonne compréhension des principes fondamentaux à considérer dans l’éducation chez les peuples autochtones sont présentés dans ce rapport. C’est ainsi que ressort l’importance centrale du territoire en lien avec une vision holistique et circulaire du monde (Ottmann et Pritchard, 2009), où la spiritualité permet d’appréhender la relationalité (Littletree, Belarde-Lewis et Duarte, 2020; Toulouse, 2016) entre tous les éléments de l’univers comme concept fondamental souvent peu pris en compte dans les conceptions eurocentriques de l’éducation. Les savoirs ou les préférences d’apprentissage chez les autochtones engendrent ainsi une vision de la pédagogie qui favorise l’apprentissage expérientiel (Chevrier et Charbonneau, 2000), où l’observation et la participation actives des apprenant.e.s sont sollicitées. Une phase de collecte de données spécifiquement relatives aux programmes a été menée dans le cadre de l’Action concertée en sécurisation culturelle (FRQSC, 2020-2023), en collaboration avec des organisations autochtones participant à la recherche. Cinq rencontres de partage et de discussion ont ainsi été réalisées. Elles ont permis de recueillir les propos de 15 participant.e.s (dont 8 autochtones) au sujet de leurs points de vue quant à la mobilisation de perspectives des Premiers Peuples en enseignement. La méthodologie adoptée s’est basée sur une démarche de coconstruction de connaissances, dans une perspective de cocréation (Kaine, Kurtness et Tanguay, 2016), et s’est inscrite dans une approche de recherche collaborative (Desgagné, Bednarz, Lebuis, Poirier et Couture, 2001). Les différents entretiens réalisés ont été enregistrés puis transcrits textuellement. La transcription des extraits retenus a ensuite été proposée à chaque participant.e pour validation afin de s’assurer que leurs propos n’avaient pas été mal interprétés ni déformés. L’analyse de ces propos met en valeur les initiatives mises en place essentiellement dans les différentes communautés innues. On constate ainsi que des projets se développent en sciences, en univers social ou encore en langue et culture innues. Plusieurs des apprentissages envisagés, s’ils ne se font pas tous en territoire, se développent en lien avec la culture, le territoire et les modes de vie des Premiers Peuples. L’analyse des entretiens fait aussi ressortir les difficultés ou obstacles rencontrés pour mobiliser les perspectives des Premiers Peuples en éducation. On constate entre autres un manque de souplesse sur le plan des programmes ou du matériel didactique, ce qui rend difficile la prise en compte des diverses réalités culturelles et linguistiques ainsi que l’apprentissage des langues autochtones. Des cours de langues et de cultures sont malgré tout donnés dans les communautés, bien qu’il n’y ait pas de périodes réservées dans la grille-horaire. Certains ajustements apparaissent nécessaires pour se conformer davantage aux réalités locales des communautés. La formation des enseignant.e.s est aussi questionnée : d’une part, les enseignant.es allochtones ne sont pas suffisamment formé.e.s aux réalités autochtones, ce qui engendre des craintes de commettre erreurs et maladresses. D’autre part, on constate une faible prise en compte des préférences d’apprentissage des Premiers Peuples. Il manque également de ressources pour enseigner et transmettre les langues autochtones, dont la vitalité est généralement menacée. Les participant.e.s partagent aussi des pistes de solutions qui se situent sur différents plans. Dans un premier temps, l’accueil des élèves à l’école devrait offrir un milieu où ils se reconnaissent. Les approches pédagogiques pourraient assez facilement prendre en compte les perspectives et les savoirs autochtones, par exemple en intégrant des œuvres autochtones ou encore le point de vue des Premiers Peuples sur l’histoire du Québec et du Canada. La posture enseignante semble aussi fondamentale dans cet effort de réconciliation. Ainsi, la formation des enseignant.e.s pourrait intégrer des stages en contexte autochtone afin de favoriser une certaine sensibilité culturelle qui, selon les participant.e.s, passe par la reconnaissance de la compétence 15 (Conseil en Éducation des Premières Nations, Institut Tshakapesh et Centre de développement de la formation et de la main-d’œuvre huron-wendat, 2020). Les programmes et le matériel didactique devraient aussi être réaménagés et ajustés dans une perspective plus locale qui permettrait d’embrasser les réalités linguistiques et culturelles propres à chaque communauté. En conclusion, les initiatives à mettre en place pour une réelle mobilisation des perspectives des Premiers Peuples relèvent de plusieurs plans qui se situent entre l’ajustement de curriculums et de programmes, mais aussi la formation d’enseignant.e.s, le matériel didactique ou encore les approches pédagogiques.
Type de document: | Matériel non publié (rapport, etc.) |
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Date: | 2025 |
Nombre de pages: | 93 |
Organisation: | Université du Québec à Chicoutimi, Chaire UNESCO en transmission culturelle, Centre des Premières Nations Nikanite, Institut Tshakapesh |
Sujets: | Sciences sociales et humaines > Sciences de l'éducation |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des sciences de l'éducation |
Mots-clés: | sécurisation culturelle, cultural security, Côte-Nord, innu, Premiers peuples, first nation, peuples autoctones |
Déposé le: | 29 janv. 2025 00:37 |
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Dernière modification: | 29 janv. 2025 00:37 |
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