Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Les populations autochtones sont généralement confrontées à de nombreux obstacles pouvant limiter la persévérance scolaire et expliquer les faibles taux de diplomation observés en comparaison avec les allochtones (Mareschal et Denault, 2020). La littérature dépeint les transitions scolaires comme déterminantes pour la persévérance des étudiant.e.s, car il s’agit d’une période qui peut être marquée d’obstacles, mais aussi de facteurs de protection. À cet égard, c’est l’adaptation de l’étudiant.e dans son établissement d’enseignement qui influencera son intention de persévérer ou de décrocher (Rodriguez et Mallinckrodt, 2021). Cependant, très peu d’études comparent les facteurs qui influencent les transitions avec ceux qui sont reliés à la persévérance. De plus, bien que des mesures de soutien soient mises en place afin de favoriser les parcours scolaires des Autochtones, les travaux de Blanchet-Cohen et al. (2021) mentionnent que les études s’attardent aux actions mises en place dans les établissements d’enseignement et occultent le rôle que peuvent avoir les autres milieux fréquentés par la personne. À la lumière de ces éléments, ce mémoire a pour but de décrire le rôle de la famille, de la communauté et du milieu urbain dans la scolarisation d’étudiantes autochtones fréquentant un établissement collégial du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Pour ce faire, les objectifs spécifiques de cette étude sont de : 1) Documenter comment la famille, la communauté et le milieu urbain peuvent s’actualiser comme des éléments favorisant ou contraignants les transitions scolaires et la persévérance ; 2) Explorer les similitudes et les distinctions entre les éléments influençant les transitions et la persévérance scolaire ; 3) Décrire la nature de l’accompagnement déployé par la famille, la communauté et le milieu urbain auprès des étudiantes autochtones pendant leurs études collégiales. Ce mémoire s’insère dans une étude collaborative (Desgagné, 1998) longitudinale réalisée auprès de 14 étudiant.e.s autochtones au postsecondaire. Une analyse secondaire a été faite auprès d’un sous-échantillon composé de six femmes étudiantes au collégial (n=6). La collecte de données a été effectuée en deux phases à l’aide d’entrevues semi-dirigées. Puis, une analyse de contenu a été réalisée à l’aide du logiciel QSR NVivo 12. Les résultats indiquent que deux principaux éléments favorisent ou contraignent uniquement la transition scolaire soit les encouragements à poursuivre des études postsecondaires et les difficultés d’adaptation à la vie en milieu urbain. Puis, un seul élément a été décrit comme jouant un rôle strictement au niveau de la persévérance et il s’agit du désir d’améliorer les conditions de vie familiale et communautaire. Les résultats montrent également que la majorité des éléments identifiés par les étudiantes joue à la fois un rôle favorisant ou contraignant à la fois sur la transition et à ce qui a trait à la persévérance. Les répondantes ont notamment abordé la qualité de la relation avec les allochtones, la distance géographique, la présence de modèle familial, la conciliation de différents rôles, l’accès à du financement, l’accès à la communauté en milieu urbain et les opportunités professionnelles. En ce qui concerne le soutien dont ont bénéficié les répondantes, les résultats montrent que la famille, la communauté et les organismes communautaires en milieu urbain s’avèrent essentiels tout au long du parcours scolaire des étudiantes. Les étudiantes ont d’ailleurs utilisé le soutien instrumental (n=6), émotionnel (n=5) et informationnel (n=3). Enfin, les résultats témoignent de l’importance de considérer les parcours scolaires des étudiantes autochtones de façon plus globale. Ils montrent l’importance que tous les groupes entourant les étudiant.e.s soient impliqués et travaillent de façon concertée pour garantir un soutien répondant aux besoins holistiques des Autochtones.