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Déterminants de développement des entreprises du secteur de l'industrie de transformation au Niger : essai de modélisation

Idrissa Issaka. (1989). Déterminants de développement des entreprises du secteur de l'industrie de transformation au Niger : essai de modélisation. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.

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Résumé

Le rôle actif de la P.M.E dans le processus du développement économique et industriel n'a été reconnu que très récemment. Dans les pays industrialisés, on parle surtout d'un complément important à la grande entreprise et d'une source de création d'emploi tandis que les pays sous-industrialisés y voient un instrument efficace de développement industriel à leur mesure.

Dans ces circonstances, il est aisé d'appréhender tout le regain d'intérêt que suscite le phénomène P.M.E. Plusieurs théoriciens économistes, gestionnaires, psychologues, etc. tentent de cerner la dynamique de ce phénomène à travers une littérature de plus en plus abondante.

Sur le plan politique, on a assisté ces dernières années dans presque tous les pays du monde à une recrudescence des programmes dont le but est de stimuler davantage la création des P.M.E. Ces programmes sont souvent accompagnés de mesures complémentaires visant à accroître les chances de survie et même de développement de ces petites et moyennes unités de production.

Toutefois, dans certains pays comme le Niger, en dépit de tous ces programmes et mesures, les P.M.E. qui existent déjà éprouvent d'énormes difficultés à voler de leurs propres ailes et ne servent guère d'images d'imitation pour les entrepreneurs nationaux. Ce qui engendre un secteur non structuré de production relativement important par rapport à un secteur structuré en déperdition.

Plusieurs intervenants locaux attribuent cette situation pour le moins catastrophique à la méconnaissance des facteurs qui affectent la performance de ces entreprises. Ce qui entraîne par conséquent une mauvaise orientation des plans de développement des P.M.E.

Nous avons tiré de cette problématique notre sujet de recherche dont l'objectif est de déterminer les facteurs qui peuvent avoir une incidence quelconque sur la performance des entreprises Nigériennes du secteur de l'industrie de transformation. Le choix de notre secteur d'étude a été surtout motivé par la propension des entreprises manufacturière à générer de la richesse par le mécanisme de la valeur ajoutée et d'autre part, par leur contribution à l'élargissement de la base productive nationale.

Plusieurs chercheurs ont abordé dans leurs travaux les différents axes du développement des entreprises. Ainsi des auteurs comme SHAPERO (1975), BELLEY (1979), VAN DE VEN (1980), PENNINGS (1980), SWEENEY (1982), KNIGHT (1983), GASS (1984), etc. ont élaboré des théories sur le processus entrepreneurial conduisant à la création d'une entreprise. D'autres comme BEDARD (1977), CONAN et HOLDER (1979), BRUNO et TYBJEE (1982), KATRINA (1982), SHAER (1982), etc. ont exploré les questions relatives à la survie et au développement des P.M.E.

Quoique non exhaustif, ce tour d'horizon sur la littérature concernant le sujet de notre recherche nous a permis d'élaborer un modèle théorique sur les déterminants probables de la performance des entreprises.

Ce modèle postule que la performance d'une entreprise est déterminée par les facteurs suivants:

-Financement; -Qualification professionnelle des employés; -Technologie de production; -Conditions environnementales.

Toutefois, comme l'a stipulé P.A. NECK (1981), dans le cadre d'une politique de développement de la P.M.E, les éléments environnementaux doivent s'adapter aux besoins internes des entreprises.

C'est pourquoi, dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes limités à déterminer les facteurs internes qui influencent la performance des P.M.E. Cependant, nous avons jugé opportun de tracer le profil de l'environnement tel que perçu par les dirigeants des entreprises de notre secteur d'investigation.

(voir tableau, p. IV, dans le texte intégral du document) : (DIMENSION D?UN MODÈLE DE RECHERCHE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES P.M.E.)

Les résultats de cette enquête nous ont permis de conclure que globalement les chefs d'entreprises que nous avons interrogés perçoivent leur environnement comme étant défavorable au développement de leurs unités de production.

D'autre part, la vérification de l'hypothèse théorique de l'existence d'une relation de type causal entre les trois facteurs internes de notre modèle et la performance de l'entreprise a été effectuée sous trois angles:

-Rentabilité des capitaux investis; -Productivité du capital; -Productivité du travail.

En fait, ces trois dimensions constituent les critères de performance retenus dans cette étude. A ce titre, elles représentent les variables dépendantes de nos modèles de performance alors que les variables rattachées aux facteurs financement, qualification professionnelle et technologie en représentent les variables indépendantes.

Ainsi pour chaque critère de performance, un modèle de la forme suivante a été estimé par la régression multiple.

Y=B0+B1X1+B2X2+....BnXn

Toutefois, l'examen de la matrice générale de corrélations entre les variables explicatives nous a permis de déceler une situation de colinéarité du fait des interrelations significativement fortes observées entre certaines variables.

L'identification des couples de variables (Xi Xj) qui ont enregistré une forte corrélation nous a permis d'envisager des scénarios dans lesquelles nous retranchons du modèle successivement l'une des variables (Xi Xj) jugée fortement corrélée et ce pour tous les couples dont rxixj> 0,75.

Les résultats suivants ont été enregistrés:

(voir tableau, p. VI, dans le texte intégral du document) : TABLEAU COEFFICIENT DE RÉGRESSION R2 PAR SCÉNARIO

Pour chaque scénario, nous avons retenu le meilleur coefficient de détermination R2.

Après cette première phase de réduction des effets de colinéarité sur les modèles estimés de performance, nous avons procédé à une régression par étape dont le but est de réduire davantage l'effet de colinéarité, mais aussi d'éliminer certaines variables dont l'impact marginal sur la variation de la variable à expliquer est statistiquement nul.

Les résultats, issus de ce choix de meilleurs ensembles de variables explicatives, nous ont conduit vers l'estimation des trois modèles de performance suivants:

(voir tableau, p. VII, dans le texte intégral du document) : MODÈLE DE PERFORMANCE DES P.M.E. ESTIMÉS PAR LA RÉGRESSION PAR ÉTAPE

Ces modèles entraînent les commentaires suivants:

1. Modèle de rentabilité

Quatre (4) variables sont retenues par ces modèles: -Degré d'endettement par rapport au capital; -Source de financement; -Expérience du directeur général; -Proportion des gradués universitaires dans l'entreprise.

A elles seules ces quatre (4) variables expliquent 97,6% de la variation observée dans l'indice de rentabilité des entreprises de notre secteur d'étude (R2=0,976).

Toutefois, la seule variable degré d'endettement explique jusqu'à 83,2% de la variation observée de l'indice de rentabilité dans notre échantillon.

De plus, le coefficient $ qui mesure l'impact individuelle de cette variable étant négatif (£=-0,475), on peut alors conclure que plus l'entreprise à un degré d'endettement élevé par rapport à son capital, moins elle est rentable.

Ce qui laisse apparaître encore une fois de plus le poids des intérêts financiers sur la performance financière des entreprises de notre secteur de recherche.

La deuxième remarque importante concernant le modèle de rentabilité est liée au rôle prépondérant que joue l'expérience du directeur général. Le résultat concernant cette variable corrobore ce que nous connaissons déjà par la théorie. En effet, plus on a aux commandes de l'entreprise une personne expérimentée plus la rentabilité a tendance à se porter mieux. D'ailleurs le coefficient B positif (B3=0,463) enregistré par cette variable dans notre modèle soutient cette conclusion.

Enfin, la dernière remarque concernant ce modèle est relative à l'impact négatif que semble jouer un grand nombre de gradués universitaires dans une P.M.E. de notre secteur d'étude. Cette conclusion est logiquement compréhensible car malgré la compétence que peut apporter cette catégorie d'employés (quand ils sont utilisés à la bonne place), il demeure que les coûts qu'elle engendre alourdissent davantage la structure des charges de l'entreprises. Ce qui se reflète évidemment de façon négative sur son indice de rentabilité (B=-0,088).

2. Modèle de productivité du capital

Ici également quatre (4) variables ont été retenues

-Formation en gestion du directeur général; -Degré d'endettement; -Type d'équipement utilisé dans la production; -Scolarité du directeur général.

Ce modèle explique 86% de la variation observée sur la dimension productivité du capital dans notre échantillon (R2=0,86).

Cependant, il est intéressant de remarquer que la seule variable formation en gestion explique 61,6% de cette variation. Ce rôle très important est mis en évidence par l'impact de cette variable sur la productivité du capital 03=2,164). Ce coefficient positif nous permet de conclure que plus le directeur général est formé en gestion, plus la performance sur le plan de la productivité du capital de l'entreprise qu'il dirige est meilleure. Logiquement ce résultat est acceptable car, l'indice de productivité du capital, calculé à partir de la valeur ajoutée ne supporte que l'effet des consommations intermédiaires. Les autres charges d'exploitation de l'exercice en cours n'étant encore pas prises en compte. Ce qui nous permet alors de présumer que la performance de l'entreprise à ce stade dépend entre autres, de la qualité de gestion de ses dirigeants, en particulier de son chef.

Enfin, il semble que la scolarité du directeur général a un impact négatif sur la productivité du capital (£=-0,687). Ce résultat est très révélateur d'une situation qui perdure au Niger. En effet, dans les entreprises d'État et d'économie mixte en particulier, le système d'affectation des cadres en vigueur tient plus compte du niveau de scolarité de l'individu que de la formation qu'il a reçue.

L'avant dernière remarque découle du fait qu'on retrouve également sur cette dimension la variable degré d'endettement. Tout comme dans le cas de l'indice de rentabilité, cette variable affecte négativement la productivité du capital (£=-0,266). On serait pourtant tenté de croire que cet indice, étant calculé avant frais financiers, il ne peut être affecté par le degré de l'endettement de l'entreprise. Toutefois, cet impact observé pourrait provenir de l'effet des frais financiers accumulés pendant les exercices antérieurs. Il est évident qu'une entreprise qui ne dégage pas une valeur ajoutée positive ou tout au plus suffisante pour couvrir ses charges d'exploitation, enregistrera un résultat négatif. Or, pendant ce temps les intérêts sur l'emprunt s'accumulent.

Enfin, la dernière remarque concernant cette dimension est relative à la variable type d'équipement utilisé dans la production, cette variable influence positivement la productivité du capital de l'entreprise (B=0,648). Il semble donc que plus l'entreprise utilise un outillage relativement automatisé, plus elle semble être performante sur l'angle de la productivité du capital.

3. Modèle de productivité du travail

Ce modèle ne retient qu'une seule variable significative qui est l'expérience des employés de production. Cette variable explique 97,7% de la variation dans la productivité du travail observée au niveau de notre échantillon d'étude.

En d'autres termes, plus les employés de production sont expérimentés, plus la productivité du travail est élevée (B=162,802). Ce qui est en réalité presque une tautologie.

Conclusion

II apparaît que globalement, les trois modèles estimés que nous venons de commenter mettent en évidence le l'impact des différents facteurs postulés par notre modèle théorique. Ce qui nous permet de le confirmer comme modèle de développement des P.M.E. de notre secteur de recherche.

Type de document:Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise)
Date:1989
Lieu de publication:Chicoutimi
Programme d'étude:Maîtrise en gestion des petites et moyennes organisations
Nombre de pages:314
ISBN:1412302293
Identifiant unique:10.1522/1453401
Sujets:Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Économie
Département, module, service et unité de recherche:Départements et modules > Département des sciences économiques et administratives > Programmes d'études de cycles supérieurs en gestion des organisations
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s):Brisson, Gilbert
Auger, Raymond
Mots-clés:Petites et moyennes entreprises--Industrie--Niger, Développement économique, Small business, Economic development--Industries--Niger, DEVELOPPEMENT, ENTREPRISE, FACTEUR, INDUSTRIE, MANUFACTURIER, MODELE, MOYEN, NIGER, PERFORMANCE, PETIT, PME, PMOUQAC, THESE, TRANSFORMATION
Déposé le:01 janv. 1989 12:34
Dernière modification:07 mai 2013 20:22
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