Juneau Sandra. (2006). Motivation et persévérance au traitement : le cas des joueurs pathologiques du Saguenay-Lac-St-Jean. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi..
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Résumé
Comme plusieurs sociétés modernes, le Québec est aux prises avec un problème croissant de dépendance aux jeux de hasard et d'argent. La région du Saguenay?Lac-St-Jean où la dépendance aux jeux de hasard et d'argent est également présente, ne fait pas exception. Malgré que cette région soit éloignée des casinos, l'utilisation des appareils de loterie vidéo est très élevée. Les problèmes de jeu sont souvent associés à des situations ponctuelles, mais ils peuvent aussi l'être à des conditions nettement plus sérieuses. Les effets des problèmes de jeu vont du stress, au mal-être (dépression, anxiété), jusqu'à des problèmes de comportement beaucoup plus graves (incluant la criminalité), les idées suicidaires et dans certains cas extrêmes, le suicide. Si le jeu pathologique nécessite la présence de cinq manifestations au DSM-IV, le problème de jeu est présent lorsqu'une personne montre au moins trois de ces manifestations.
Les premières réflexions suscitées par le phénomène du jeu pathologique concernent généralement les motivations qui favorisent l'apparition et le maintien de ce problème. La motivation des joueurs joue un rôle de tout premier plan dans un programme de traitement. Malgré les efforts constants de nombreux chercheurs au cours des dernières années afin d'améliorer les connaissances sur le jeu pathologique et sur la persévérance au traitement, aucune recherche jusqu'à aujourd'hui, n'a fait le lien entre la persévérance au traitement et les stades de changement chez les joueurs pathologiques, tels que définis par Prochaska et DiClemente, n'a pu être répertoriée. La présente recherche exploratoire vise à répondre aux cinq questions suivantes : 1) Quelles sont les principales caractéristiques sociodémographiques et l'état de santé physique et psychologique des joueurs pathologiques dont la voie d'entrée à un traitement de jeu pathologique, est le programme de précure de la Maison d'Hébergement Le Séjour et ceux dont la voie d'entrée est la thérapie du jeu du Centre de réadaptation en dépendances? 2) Est-ce qu'il y a des différences dans les stades de changement entre les deux groupes de répondants? 3) Est-ce que la participation au programme de précure de la Maison d'Hébergement Le Séjour favorise la persévérance à la thérapie du Centre de réadaptation en dépendances? 4) Est-ce que le stade de changement à l'entrée dans l'un ou l'autre des traitements est lié à la poursuite de la thérapie du Centre de réadaptation en dépendances? 5) Quels sont les facteurs personnels, contextuels et sociaux qui facilitent ou perturbent la fin de la thérapie du Centre de réadaptation en dépendances? Le présent échantillon comprend 35 personnes vivant au Saguenay-Lac-St-Jean et présentant un problème avec le jeu. De ce nombre, dix-huit ont été recrutés par le biais de la Maison d'Hébergement Le Séjour et dix-sept par le Centre de réadaptation en dépendances. La Maison d'Hébergement Le Séjour offre un programme de précure qui a comme objectif d'augmenter la motivation des joueurs pathologiques et d'éliminer l'ambivalence à participer à une thérapie. Ce programme est offert en hébergement. Pour sa part, le Centre de réadaptation en dépendances offre la thérapie du jeu qui est offerte en externe, à raison d'une rencontre hebdomadaire pouvant se prolonger jusqu'à quinze rencontres.
Le recrutement des joueurs pathologiques susceptibles de se prêter à l'étude, s'est effectué sur une base volontaire. Ceux-ci ont tout d'abord rempli une première partie d'un questionnaire remis par l'intervenant responsable de leur suivi. Ensuite, ils ont rencontré la responsable de la recherche pendant environ 60 minutes au cours desquelles ils ont participé à une entrevue semi dirigée et ont complété la deuxième partie du questionnaire.
En ce qui a trait au premier objectif de l'étude, les résultats démontrent qu'être un homme célibataire âgé entre 35 et 54 ans, avoir un niveau d'éducation faible (secondaire V ou moins), être défavorisé économiquement (revenu annuel inférieur à 40 000 $, sans emploi), avoir fait un gain important ou une perte significative lors des premières expériences de jeu, présenter un niveau de détresse psychologique élevé, avoir des idées suicidaires et considérer que le jeu a plusieurs impacts sur les diverses sphères de leur vie (famille, travail, amis, humeur) sont tous des facteurs qui caractérisent les joueurs pathologiques qui ont reçu un service de traitement pour le jeu pathologique. De plus, les répondants de la Maison d'Hébergement Le Séjour ne perçoivent pas les conséquences néfastes que le jeu a pu avoir sur leur vie comparativement aux répondants provenant du Centre de réadaptation en dépendances. Malgré le fait qu'ils perçoivent leur état de santé physique comme excellent ou bon, la majorité des joueurs pathologiques de la présente étude mentionnent avoir des problèmes de santé physique et devoir prendre des médicaments sur une base quotidienne. En ce qui a trait au deuxième objectif, visant à identifier les différences dans les stades de changement entre les deux groupes de participants, les résultats de la présente étude démontrent qu'à l'arrivée à leur traitement initial, les deux groupes de joueurs pathologiques présentaient des stades de changement différents. À l'arrivée en précure, onze répondants de la Maison d'Hébergement Le Séjour sur 18 se retrouvaient au stade de la contemplation tandis que six des 17 répondants qui se sont inscrits en thérapie du jeu au Centre de réadaptation en dépendances sans avoir participé au programme de précure de la Maison d'Hébergement Le Séjour se retrouvent au stade de l'action. De plus, dix de ces participants se trouvaient soit au stade de la précontemplation (5 sur 17) ou de la contemplation (5 sur 17). Le troisième objectif, quant à lui, visait à déterminer si la participation au programme de précure de la Maison d'Hébergement Le Séjour favorise ou non la persévérance en thérapie. Les résultats obtenus n'ont pas réussi à établir ce lien en raison du nombre restreint de participants. Pour sa part, le quatrième objectif indiquait si le stade de changement à l'entrée dans l'un ou l'autre des traitements était lié à la poursuite de la thérapie. Les résultats ne permettent pas de faire ce lien, car très peu de joueurs pathologiques (23 %) ont persévéré dans le cadre de leur thérapie du jeu suivi au Centre de réadaptation en dépendances. Cependant, les répondants qui se sont directement inscrits à la thérapie du jeu ont persévéré davantage dans leur traitement (35 %) que ceux qui provenaient de la Maison d'Hébergement Le Séjour (11 %). Finalement, le cinquième objectif visait à identifier certains facteurs personnels, contextuels et sociaux qui facilitent ou perturbent la fin de la thérapie du Centre de réadaptation en dépendances. À ce sujet, à cause du trop petit nombre de répondants, les résultats ont démontré peu de différences significatives entre ceux qui ont complété ou ceux qui ont abandonné la thérapie. Toutefois, il a été possible de constater que les raisons au jeu (fuir ou distraire), la présence de dettes de jeu et le contexte de consultation des répondants dans leur mode de traitement initial comme les pressions reçues pour consulter, ont été observés comme facteurs facilitateurs ou perturbateurs dans la poursuite de la thérapie du jeu du Centre de réadaptation en dépendances.
Ainsi, la connaissance des caractéristiques des joueurs pathologiques du Saguenay-Lac-St-Jean qui utilisent les services de traitement de la Maison d'Hébergement Le Séjour et du Centre de réadaptation en dépendances, permettra aux intervenants des deux milieux d'offrir des services et des interventions qui répondront plus adéquatement aux besoins des joueurs pathologiques. Également, une meilleure connaissance dans l'utilisation des concepts de motivation et des stades de changement auprès des joueurs pathologiques, permettra de mieux les connaître et de pouvoir faciliter le choix d'un type d'intervention approprié.
Toutefois, rappelons qu'il s'agit d'une étude exploratoire et que plusieurs facteurs ont limité l'atteinte des objectifs. Le nombre restreint de participants limite la généralisation des résultats ainsi que l'identification de liens entre les différents concepts à l'étude. Ainsi, un échantillon plus grand aurait permis de valider avec plus de précision certains concepts à l'étude et de constater la présence ou non de liens entre les différentes variables.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
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Date: | 2006 |
Lieu de publication: | Hull |
Programme d'étude: | Maîtrise en travail social |
Nombre de pages: | 182 |
ISBN: | 1412313619 |
Identifiant unique: | 10.1522/24722984 |
Sujets: | Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Psychologie Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Service social et travail social |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des sciences humaines > Unité d'enseignement en travail social |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Maltais, Danielle Chouinard, Maud-Christine |
Mots-clés: | Jeux de hasard--Comportement compulsif--Traitement, Joueurs compulsifs--Psychologie, Joueurs compulsifs--Québec (Province)--Saguenay-Lac-Saint-Jean, THESE |
Déposé le: | 01 janv. 2006 12:34 |
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Dernière modification: | 12 mars 2019 22:20 |
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