Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Au-delà du cynisme, réinventer l'avenir des communautés

Tremblay Pierre-André, Tremblay Sabrina et Tremblay Suzanne. (2019). Au-delà du cynisme, réinventer l'avenir des communautés. Chicoutimi : Groupe de recherche et d'intervention régionales (GRIR).

[thumbnail of Au-delà du cynisme, réinventer l'avenir des communautés.pdf]
Prévisualisation
PDF
2MB

Résumé

Les textes recueillis dans ce livre ont d’abord été présentés lors d’un colloque de deux jours tenu au printemps 2017 à l’Université du Québec à Chicoutimi sous le titre « Au-delà du cynisme : oser le nouveau et imaginer les alternatives dans le développement régional et local ». Il a réuni des étudiants gradués (surtout de l’UQAC) et des professeurs de diverses institutions québécoises et étrangères. Le titre en indique l’intention. Les difficultés à savoir comment faire du développement local et régional mènent, si on n’y prend garde, au repli sur soi, au découragement et à l’abandon de toute velléité d’amélioration des choses. Le cynisme risque d’en être la conséquence, c’est-à-dire un désabusement où on n’arrive même plus à croire qu’un autre monde est possible. Le contexte des dernières années mène aisément à cette situation. Il n’a jamais été facile de s’opposer aux tendances lourdes qui favorisent les centres au détriment des périphéries, mais les trente dernières années ont vu un durcissement des politiques du tout au marché. Le néo-libéralisme s’est alors imposé ouvertement sous le couvert de l’austérité et le « modèle québécois » en a pris pour son rhume . À cette époque où le Québec rejoint le reste de l’Amérique du Nord, les institutions qui tentaient de redresser les iniquités du marché ont été transformées, puis abolies. La triade État-marché-société civile a été ramenée à une dualité simple État-marché typique du libéralisme dans laquelle l’égalité de droits des citoyens laisse la place aux inégalités de richesse et d’opportunité . L’impact de ces changements de politiques montre la grande fragilité des arrangements institutionnels qu’on avait imaginés plus résilients. Qui ne se satisfait pas de cette situation ne peut faire l’économie d’imaginer de nouvelles façons de penser et d’agir, car les actions de développement ne peuvent plus se contenter de ressasser les recettes héritées de l’ère keynésienne. Facile à dire. Penser des alternatives, concevoir des actions innovantes et réinventer les communautés est une lourde tâche à l’époque de la pensée unique. Il le faut cependant, car abandonner le terrain revient à concéder la victoire aux tenants des politiques inégalitaires, ce que la montée des conservatismes et des discours populistes permet de comprendre et de craindre . Mais, dans un tel contexte, que signifient des mots comme développement, local, région? Au vu des travaux présentés ici, ce qui est vu comme local ne se distingue pas du régional uniquement sur une base d’échelle ou de taille. Ces termes désignent des espaces se distinguant par les modes d’ancrage différents des acteurs qui leur donnent vie et consistance. La notion de région relève encore de sa définition administrative et les efforts pour colorer les régions d’une dimension culturelle ou identitaire se sont toujours heurtés aux réalités de leur rapport à l’État, qui les crée, les divise et les manipule selon ses besoins de planification. Elles appartiennent encore au « monde du système », comme disait Habermas. Ce qui est désigné comme local, lui, renvoie au « monde vécu », appréhendé selon la quotidienneté des citoyens. On y réfère moins à la gestion qu’à l’action collective, moins à l’administration qu’à la démocratie. La gouvernance n’y signifie donc pas la même chose. Comme on le verra, imaginer le nouveau et chercher à déceler le possible dans l’actuel ne signifie pas construire des utopies. Dans les textes de ce livre, on verra qu’il s’agit plutôt de changer de point de vue, d’interroger les façons de faire pour en identifier les limites. Il n’est guère surprenant que cela prenne la forme d’un dialogue entre des « chercheur-e-s confirmé-e-s » et des chercheur-e-s qui le seront bientôt. Faire l’analyse de la réalité renvoie forcément à une conversation où c’est de la diversité des interprétations qu’émergeront les pistes de réflexion les plus favorables. Voilà quelles étaient les intentions du colloque. L’ouvrage que nous vous proposons ici en découle. Il se décline en deux parties. La première porte sur les politiques (prendre note du pluriel), l’innovation sociale et le développement territorial. Comment, en effet, oser de nouvelles alternatives, repenser les pratiques actuelles en fonction des transformations socioéconomiques récentes et appréhendées? Pour ce faire, Éric Dacheux nous propose de repenser le système post-capitaliste en nous inspirant de ce qui se fait à l’heure actuelle dans l’économie solidaire, et ce, à partir d’une approche de sociologie publique dans laquelle il propose le concept de « délibéralisme ». Pour sa part, Marc-Urbain Proulx nous offre de faire un tour d’horizon de cinq décennies de politiques de planification territoriales afin d’imaginer d’autres options en développement régional. Comme pour bien illustrer ces autres possibles, le texte de Mélanie Doyon, Juan-Luis Klein, Pierre-André Tremblay et Camille Arsenault-Hétu nous présente le cas de la municipalité de Saint-Camille, un petit village de l’Estrie qui a imaginé de nouvelles façons de faire afin de survivre dans un monde qui carbure à la nouveauté, la vitesse et le tout mondial. Avec le texte de Marc D. Lachapelle, c’est plutôt le développement alternatif de quartiers urbains qui est à l‘honneur en mettant de l’avant l’audacieux projet du Bâtiment 7 à Montréal. Olivier Guédé aborde quant à lui le concept de zone durable, soit une approche de développement local qui s’arrime à celle du développement durable, et ce, dans un objectif de permettre aux collectivités locales en difficulté de mieux s’adapter aux perturbations sociales, politiques et économiques qu’elles vivent. Enfin, cette dernière partie s’achève sur le texte de Suzanne Tremblay qui relate l’expérience du crédit communautaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean et ses impacts concrets sur le territoire saguenéen.

La deuxième partie s’intéresse plus particulièrement à différentes expériences ou initiatives publiques ou citoyennes qui avaient comme objectif de favoriser le processus d’empowerment des individus, des organisations ou des communautés ou, encore, de faciliter la résilience des milieux dans l’adversité. Dans le texte de Sabrina Tremblay et Louis Pilote, on demeure dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour observer le cas d’une petite collectivité de la Ville de Saguenay, Lac Kénogami, qui s’est associée avec des chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi afin de coconstruire des projets qui visent à améliorer le bien-être et la qualité de vie des gens du milieu. Steve Plante, dans une comparaison avec le jeu de serpents et échelles, se penche sur la capacité d’adaptation des territoires face aux changements climatiques en prenant en compte les nombreux facteurs qui influencent leur résilience. Christian Bélanger témoigne dans son texte d’une expérience de sociologie appliquée, soit des ateliers de formation et d’éducation populaire qui ont été réalisés entre 2015 et 2017 et qui portaient sur des thématiques reliées à l’actualité ou des préoccupations quotidiennes. Valérie Mvogo Balla nous transporte pour sa part au Cameroun où elle analyse une initiative de développement local visant l’accès et la distribution de l’eau dans le nord du pays et cela, en mettant en relief le rôle central que peuvent avoir les ONG dans ce genre de projet. Jean Bernatchez nous ramène au Québec et plus particulièrement dans la région du Bas-St-Laurent où un projet de recherche-action s’est intéressé aux facteurs qui permettent la prise de décision éclairée quant au maintien ou à la fermeture des écoles dans les petites collectivités vivant avec une situation de décroissance démographique. Enfin cette deuxième partie se termine par le texte de Marina Soubirou qui traite d’innovation sociale, mais plus particulièrement de celle qui a été mise en action et interprétée par des habitants du Val de Suse, en Italie, eux qui s’opposent depuis plusieurs décennies à un projet de développement de ligne ferroviaire haute vitesse sous les Alpes.

Ce colloque n’aurait pu se tenir sans l’appui de l’Université du Québec à Chicoutimi et de son Décanat à la recherche et à la création, du Groupe de recherche et d’intervention régionales de l’UQAC (GRIR), du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), des étudiant-e-s de la Maîtrise en études et interventions régionales et du Doctorat conjoint UQAC-UQAR en développement régional. Ces organisations et les gens qui y travaillent méritent toute notre reconnaissance.

Type de document:Livre
Date:2019
Lieu de publication:Chicoutimi
Nombre de pages:310
Sujets:Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Économie
Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Sciences politiques
Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Sociologie
Département, module, service et unité de recherche:Départements et modules > Département des sciences humaines
Mots-clés:développement local, développement régional, austérité, néo-libéralisme, région, innovation sociale, développement territorial
Déposé le:30 nov. 2022 17:19
Dernière modification:30 nov. 2022 17:19
Afficher les statistiques de telechargements

Éditer le document (administrateurs uniquement)

Creative Commons LicenseSauf indication contraire, les documents archivés dans Constellation sont rendus disponibles selon les termes de la licence Creative Commons "Paternité, pas d'utilisation commerciale, pas de modification" 2.5 Canada.

Bibliothèque Paul-Émile-Boulet, UQAC
555, boulevard de l'Université
Chicoutimi (Québec)  CANADA G7H 2B1
418 545-5011, poste 5630