Jean Pascale. (2024). Le point de vue de mères québécoises sur l’exercice de leur rôle parental auprès d’un enfant hypersensible. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.
PDF
1MB |
Résumé
L’hypersensibilité, telle que comprise dans ce mémoire, n’est pas un diagnostic, mais plutôt une caractéristique du tempérament présente chez environ 20 % de la population (Aron et al., 2012). Elle se caractérise par une sensibilité accrue du système nerveux central qui entraîne un traitement subtil de l’information provenant des stimuli internes et externes à l’individu (Aron et al., 2012). Elle se traduit par une faible tolérance aux stimulations sensorielles (Aron et Aron, 1997; Aron et al., 2012; Benham, 2006) et émotionnelles (De Villiers et al., 2018) et une tendance à être submergé par celles-ci, ainsi que par une facilité à capter la beauté (Booth et al., 2015; Lionetti et al., 2018; Pluess et al., 2017; Sobocko, 2015). L’intensité des réactions émotionnelles causées par la stimulation sensorielle caractérise également l’hypersensibilité (Booth et al., 2015; Lionetti et al., 2018; Pluess et al., 2017; Sobocko, 2015). Par ailleurs, Acevedo et al. (2014) exposent que l’environnement familial dans l’enfance a des répercussions sur le développement des bénéfices ou des difficultés associés à l’hypersensibilité. En effet, l’hypersensibilité dispose la personne à vivre de manière accrue les bénéfices associés à un environnement social positif, mais augmente également sa vulnérabilité vis-à-vis un environnement nuisible (Pluess, 2015). À l’inverse, les attitudes parentales sont à leur tour influencées par les manifestations de la haute sensibilité chez l’enfant (Slagt et al., 2018). Par exemple, la perception du parent selon laquelle son enfant hypersensible est vulnérable peut entraîner des attitudes de surprotection qui limitent l’acquisition de son autonomie (Liss et al., 2005). Jusqu’à maintenant, les études sur l’hypersensibilité se sont principalement intéressées au vécu de personnes elles-mêmes hypersensibles, et ce, par l’entremise de recherches quantitatives. En ce sens, l’impact du haut niveau de sensibilité de l’enfant sur les sphères de vie de ses parents, ainsi que les facteurs qui influencent leurs pratiques parentales sont peu documentés. Ce mémoire s’intéresse donc à la perception de mères quant à l’exercice de leur rôle parental auprès de leur enfant hypersensible. Plus spécifiquement, il vise trois objectifs : (1) décrire le point de vue de mères sur les conséquences positives et négatives de l’hypersensibilité dans différentes sphères de leur vie et celle de leur enfant; (2) documenter le point de vue de mères quant aux pratiques parentales qu’elles adoptent auprès de leur enfant hypersensible; (3) identifier les facteurs environnementaux qui, selon ces mères, favorisent ou font obstacle à l’exercice de leur rôle parental auprès de leur enfant hypersensible. Afin d’atteindre ces objectifs de recherche, une étude qualitative a été menée auprès de sept mères ayant un enfant hypersensible. Les participantes ont d’abord accepté de compléter le Questionnaires sur l’hypersensibilité des enfants (Aron, 2002), qui servait de principal critère pour participer à l’étude. Elles ont ensuite participé à une entrevue semi-dirigée, d’une durée moyenne de 90 minutes (minimum : 75 minutes; maximum : 120 minutes). Un guide d’entrevue composé de thèmes pertinents a permis d’orienter le déroulement des rencontres. Le contenu a finalement été retranscrit sous forme de verbatim, puis analysé en fonction des objectifs de l’étude et du cadre de référence sélectionné, soit le Goodness of Fit (Chess et Thomas, 2013) et le modèle écosystémique de la parentalité (Lacharité et al., 2015). Les résultats obtenus exposent que les réactions sensorielles, principalement aux sensations physiques et aux bruits, la réactivité émotionnelle, l’apparition de comportements dérangeants ainsi que les réactions à l’état émotionnel des autres sont les principales manifestations de l’hypersensibilité chez les enfants des participantes. La tendance de l’enfant à respecter ce qui est attendu de lui à l’école, sa maturité, sa conscience de lui-même et sa capacité d’empathie sont parmi les forces mises de l’avant par les mères interrogées. En ce qui concerne les impacts de l’hypersensibilité de l’enfant sur les différentes sphères de vie des mères, celles-ci soulignent la présence d’un plus haut niveau de fatigue chez elles en lien avec les interventions à effectuer auprès de l’enfant. De plus, elles expliquent que les particularités de leur enfant sont au coeur de discussions d’ajustement entre les conjoints. Il arrive que les manifestations sensorielles ou émotionnelles de l’hypersensibilité complexifient le déroulement des activités familiales. Les mères ont parfois l’impression qu’elles doivent agir comme médiateur entre l’enfant et l’environnement qui l’entoure. Des impacts financiers sont, entre autres, soulevés en ce qui concerne le recours à des services professionnels. En ce qui a trait à la relation entre les mères et leur enfant, certaines expliquent que leur sentiment d’impuissance vis-à-vis les réactions de l’enfant a un impact sur leur sentiment de compétence parentale. Elles soulèvent également l’augmentation de leur stress parental en raison de l’imprévisibilité de ces réactions. En contrepartie, les participantes sont en mesure de cibler des attitudes ou des pratiques parentales positives qu’elles adoptent. D’une part, toutes les mères interrogées sont sensibles aux besoins de leur enfant et se disent en mesure de s’y adapter. Le reflet des émotions de l’enfant, la discussion avec lui pour favoriser ses capacités de réflexion, ainsi que la cohérence dans les interventions sont des éléments soulevés par les participantes. La sensibilité de la mère elle-même est également un élément discuté. Par ailleurs, le soutien social informel reçu par l’entourage des participantes est un facteur de protection présent chez l’ensemble d’entre elles. Certaines mères interrogées ressentent le besoin d’obtenir de l’information sur l’hypersensibilité et d’être outillées dans leurs interventions auprès de l’enfant, mais l’accessibilité à ces ressources demeure un enjeu abordé lors des entrevues. Ce mémoire appui l’importance de s’intéresser à l’hypersensibilité chez l’enfant dans l’intervention en travail social, et ce, pour de nombreuses raisons. D’une part, l’enfant présente une réceptivité accrue à son environnement social qui lui permet de vivre de manière plus importante les impacts positifs de cet environnement, mais également ses impacts négatifs (Pluess, 2015). D’autre part, les pratiques qu’utilisent les parents auprès de leur enfant peuvent être influencées par de nombreux facteurs personnels et environnementaux qu’il importe d’analyser de manière globale (Lacharité et al., 2015). Finalement, l’enfant hypersensible est particulièrement réceptif aux programmes d’intervention (Weng, 2023).
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
---|---|
Date: | 2024 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Maîtrise en travail social |
Nombre de pages: | 145 |
ISBN: | Non spécifié |
Sujets: | Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Service social et travail social |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des sciences humaines > Unité d'enseignement en travail social |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Pouliot, Ève |
Mots-clés: | enfant, hypersensibilité, parent-enfant, pratiques parentales, rôle parental, shpères de vie, parent, parentalité, relation, parent-enfant |
Déposé le: | 17 avr. 2024 13:14 |
---|---|
Dernière modification: | 18 avr. 2024 21:26 |
Éditer le document (administrateurs uniquement)