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Le point de vue des intervenants psychosociaux en protection de la jeunesse sur les conflits sévères de séparation

Tremblay Ann-Sophie. (2024). Le point de vue des intervenants psychosociaux en protection de la jeunesse sur les conflits sévères de séparation. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.

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Résumé

La problématique des conflits sévères de séparation est grandissante en protection de la jeunesse. Cette forme de mauvais traitements psychologiques au sens de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) atteint de plus en plus de familles, en plus d’engendrer de nombreux défis pour les intervenants psychosociaux (Institut national d’excellence en santé et en services sociaux, 2017). En effet, il n’existe pas de manière claire et précise d’intervenir lorsqu’il est question des conflits sévères de séparation, ce qui amène les intervenants psychosociaux à expérimenter différentes façons de faire. Dans le cadre de ce mémoire, le but général de la recherche était de documenter le point de vue des intervenants psychosociaux oeuvrant en contexte de protection de la jeunesse sur les conflits sévères de séparation. Plus spécifiquement, trois objectifs étaient poursuivis : (a) définir les conflits sévères de séparation selon la vision des intervenants psychosociaux en protection de la jeunesse, (b) recueillir le point de vue de ces intervenants quant aux facteurs facilitant ou entravant l’intervention auprès des familles vivant des conflits sévères de séparation et, finalement, (c) identifier les stratégies que ces intervenants jugent efficaces pour intervenir en contexte de conflits sévères de séparation. Afin d’atteindre ces objectifs, une étude qualitative de type exploratoire-descriptive a permis de recueillir le point de vue de huit intervenants psychosociaux oeuvrant en protection de la jeunesse au secteur de l’application des mesures. Ces intervenants se sont portés volontaires afin de participer à une entrevue semi-dirigée visant à partager leur point de vue sur les conflits sévères de séparation. Pour ce faire, ils ont d’abord rempli un questionnaire sociodémographique, pour ensuite participer à l’entrevue d’une durée moyenne de 60 minutes. S’inscrivant dans une approche systémique, l’étude a permis d’aborder les conflits sévères de séparation et les pratiques des intervenants en tenant compte de l’ensemble du système familial (Cyr et al., 2021; Marc et Picard, 2000). Les résultats de ce mémoire soulignent que le concept de conflits sévères de séparation demeure flou, bien que ce motif de signalement soit de plus en plus présent en contexte de protection de la jeunesse. Ce résultat concorde avec les constats de Godbout et al. (2018). De plus, les intervenants psychosociaux estiment que le meilleur intérêt de l’enfant doit demeurer une préoccupation centrale en lien avec cette problématique, surtout en contexte de protection de la jeunesse. Ils soulignent également que certaines stratégies ne doivent pas être utilisées dans ce contexte particulier, notamment le fait de prendre un parti au sein du conflit. Certains facteurs qui facilitent ou entravent l’intervention ont également été identifiés par les intervenants. Ces facteurs concernent à la fois les caractéristiques de l’enfant, de ses parents, de l’entourage de la famille, de l’intervenant, de l’organisation ou encore du contexte légal. De façon générale, les intervenants possèdent peu de repères pouvant les aider et les soutenir sur le plan clinique lorsqu’ils sont confrontés à des conflits sévères de séparation. Bien qu’ils s’appuient sur le soutien offert par les spécialistes en activités cliniques et, dans certains cas, leur chef de service, il demeure qu’au plan clinique, peu de documentation est offerte et que le besoin de formation est flagrant. Ainsi, les intervenants interrogés se sentent parfois insuffisamment outillés lorsqu’ils doivent apporter leur aide aux familles touchées par la problématique, alors que les signalements pour ce motif sont de plus en plus nombreux. Les intervenants déplorent d’être peu soutenus, tant sur le plan clinique que par leur organisation. Dans un autre ordre d’idée, il est soulevé que certaines approches sont utiles dans ce contexte d’intervention particulier, telles que l’approche de médiation, l’approche centrée sur les solutions et l’approche systémique. Le soutien clinique des spécialistes en activités cliniques, bien que parfois limité, permet aussi d’alléger le fardeau vécu chez les intervenants. Ce mémoire présente plusieurs forces qu’il importe de soulever. D’abord, il permet de donner une voix à des intervenants psychosociaux oeuvrant en région éloignée, un milieu qui se caractérise par une précarité plus grande chez les familles, qui sont, par conséquent, plus susceptibles de recevoir des services de la protection de la jeunesse (Esposito et al., 2023). De plus, l’étude permet de documenter le point de vue des personnes qui interviennent quotidiennement dans ce contexte particulier, en mettant en lumière les défis qu’elles rencontrent. Malgré tout, ce mémoire présente certaines limites. Étant donné que la collecte de données a été réalisée en temps de pandémie, les propos des participants ont pu être teintés par ce contexte. En effet, les intervenants psychosociaux vivaient alors certaines contraintes dans leur milieu de travail (mesures sanitaires, limitation des contacts, surcharge et fatigue) afin de limiter la propagation du virus (Simard et al., 2022). En outre, cette recherche est basée sur un petit échantillon d’une région spécifique et ne permet pas de documenter le point de vue des jeunes et des familles. En ce qui a trait aux principales pistes pour les pratiques futures, force est de constater que des croyances erronées sont présentes en ce qui a trait aux conflits sévères de séparation. Une meilleure connaissance de cette problématique permettrait sans doute de prendre conscience de ces mythes, afin de mieux intervenir. L’étude met aussi en lumière un besoin de formation pour les intervenants psychosociaux et l’importance de leur offrir du soutien et de l’accompagnement afin d’aider les familles aux prises avec cette problématique. Il semble nécessaire d’impliquer les ressources existantes afin de réduire la surcharge vécue par les intervenants psychosociaux en raison de la complexité de cette problématique.

Type de document:Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise)
Date:2024
Lieu de publication:Chicoutimi
Programme d'étude:Maîtrise en travail social
Nombre de pages:149
ISBN:Non spécifié
Sujets:Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Service social et travail social
Département, module, service et unité de recherche:Départements et modules > Département des sciences humaines > Unité d'enseignement en travail social
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s):Pouliot, Ève
Godbout, Élisabeth
Mots-clés:conflit de séparation, familles, jeunesse, mauvais traitement psychologiques, protection de la jeunesse, rupture, conflit, séparation, enfants, intervenants, point de vue
Déposé le:08 mai 2024 21:20
Dernière modification:09 mai 2024 22:01
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