Constellation, le dépôt institutionnel de l'Université du Québec à Chicoutimi

Résumé

Le monde a connu de grands changements et progrès notamment en matière de technologies, de développement social, de liberté d’expression et d’émancipation de la femme (Fraser, 2008; Sen, 2014). Cependant, malgré les discours en faveur de l'égalité économique, l'intégration des femmes dans des métiers dits ‹‹ traditionnellement masculins ›› demeure ardue (Eckerlen, 2022; Paradas et al., 2019). Les travaux indiquent que l'exclusion des femmes de ces professions est principalement attribuée à leur prétendue différences physiologiques et intellectuelles, et aux rôles traditionnellement assignés (Melot et al., 2025; Napp, 2024). À l'heure actuelle, les femmes font preuve d'un niveau de qualification, de diplomation et d'inventivité équivalent à celui des hommes (Ginglinger, 2025; Indicators OECD, 2023). Néanmoins, force est de constater que, même lorsqu'elles parviennent à s'intégrer dans des professions traditionnellement considérées comme masculines, elles se trouvent confrontées à la nécessité de déployer plus d’efforts pour légitimer leur présence et démontrer leur valeur professionnelle (Boni-Le Goff et Rabier, 2022; Faret et Le Texier, 2008; Laufer, 2020). Cette exigence de validation permanente s'accompagne, , d'iniquités en matière de rémunération (Bouchet, 2022; Humphries, 2022). En effet, à compétences et responsabilités égales, les femmes se voient fréquemment octroyer des salaires inférieurs à ceux de leurs homologues masculins, perpétuant ainsi une forme insidieuse de discrimination économique basée sur le genre (Chancel et al., 2022). En Afrique, par exemple, le poids de la culture et des normes sociales patriarcales demeurent très prégnants (Duthé et al., 2024). Exercer des métiers tels que bouchère, mécanicienne, chauffeure, ingénieure en bâtiment ou en aéronautique, diriger une entreprise, reste tabou dans certaines sociétés. À travers cette recherche, nous souhaitons recueillir les témoignages des femmes exerçant des professions atypiques, tout en portant un accent particulier sur les défis sociaux culturels qu’elles rencontrent parce qu’elles sont d’abord et surtout considérées comme des femmes occupant des professions traditionnellement masculines et les stratégies qu'elles déploient pour s'affirmer. Cette recherche s’appuie sur la théorie féministe des rapports sociaux de sexe. Selon cette approche, les différences entre les femmes et les hommes ne viennent pas de la biologie, mais des règles et habitudes que la société construit. Ces règles attribuent des rôles différents aux uns et aux autres, souvent au profit des hommes. Cette manière d’organiser les relations entre les sexes repose sur un système hiérarchisé, dans lequel les femmes se retrouvent désavantagées. Les inégalités ne se limitent donc pas à des idées reçues : elles prennent forme dans le fonctionnement même des institutions comme la famille, l’école ou le travail, qui contribuent à les maintenir (Christine Delphy, 2000; Guillaumin, 2016; Kergoat et al., 2010). D’après les résultats de cette étude il en ressort que le système du patriarcat continue d’influencer la société burkinabé.