Bouchard Hervé. (1992). Autour de Laparesse : roman. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.
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Résumé
Je me souviens des marelles que nous faisions, moi et mes amis, lorsque j'étais enfant- La figure était toujours la même, et, à l'aide d'un bout de craie blanc (parfois jaune), d'un morceau de plâtre, ou d'un caillou (crayeux, mais dont le trait pâle ne se distinguait, sur l'asphalte vieille, qu'avec difficulté), je me retrouvais le plus souvent avec le privilège de la tracer:
(Voir le dessin de la marelle dans le texte intégral)
Les cases, toutes numérotées, ne portaient pas de nom, sauf la neuvième: "le ciel", où nous pouvions poser les deux pieds et nous retourner. Le jeu est connu: on jette sa pierre, on saute, on est parfois tenu d'accomplir certaines acrobaties; le but est de se rendre jusqu'au ciel, sans jamais poser le pied sur une ligne ou dans une case occupée par une pierre, puis de sortir du jeu en repassant par la première case; on s'amuse, le temps passe, et la pluie, les jours, les roues et les frottements des semelles effacent la figure; qu'on refait si on veut rejouer car on ne joue pas sans les cases et leurs chiffres.
(Me remémorant ainsi ce jeu, je me fais penser à Georges Perec dans le préambule de La Vie, mode d'emploi, où il décrit divers types de puzzles.)
Parfois, je traçais les cases à peine plus grandes que la taille de nos chaussures: cela rendait faciles les sauts, mais extrêmement difficiles les jets de pierres. Mes amis étaient vite ennuyés par cette variante. Alors, d'autres fois, je traçais d'énormes cases: chacun arrivait sans peine à loger sa pierre dans l'une d'elles, mais les sauts exigés pour franchir deux ou trois cases alignées devenaient des actes d'une témérité qu'alors, étant donnée notre taille, nous croyions tout à fait exceptionnelle. Nous avions un dangereux penchant pour les marelles plus grandes que nous; beaucoup plus grandes. C'était nos mères, bien entendu, qui séchaient nos larmes et pansaient nos paumes, nos genoux. Mais ça, c'est une autre histoire.
La marelle est une écriture, c'est-à-dire une série de règles, qui rend périlleux l'espace qu'elle détermine. Une erreur, à la marelle, est une chute dans le vide, une condamnation au suspens, un risque de ne pas finir le jeu, un danger de mort. La marelle est une pratique du saut. La lecture est aussi comme cela.
Maintenant, si vous croyez que le texte qui suit ressemble en quelque façon à une marelle, à vous de jeter la première pierre.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
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Date: | 1992 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Maîtrise en études littéraires |
Nombre de pages: | 177 |
ISBN: | 1412304229 |
Identifiant unique: | 10.1522/1475017 |
Sujets: | Arts et lettres > Création littéraire et artistique > Littérature |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des arts, des lettres et du langage > Unité d'enseignement en lettres |
Mots-clés: | Création littéraire, Roman québécois--20e siècle, THESE, OEUVRE, CREATION, LITTERAIRE |
Déposé le: | 01 janv. 1992 12:34 |
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Dernière modification: | 17 déc. 2012 20:55 |
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