Marcil Suzanne. (2014). Nous ne sommes pas venus en vain, quelqu'un se souviendra de nous : l'installation comme tentative de réhumanisation du monde. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.
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Résumé
Mon sujet de recherche en création est né d'une question demeurée sans réponse ; pourquoi Auschwitz ? À la suite de mes investigations, j'ai réalisé que ce n'est pas tant l'atrocité liée exclusivement au camp de la mort que j'interrogeais et tentais de comprendre, mais la déshumanisation de l'individu. Par déshumanisation j'entends dépersonnalisation. J'ai donc essayé de comprendre quels sont les dispositifs sociaux qui causent ce durcissement face à l'individu. Comment en arrive-t-on à départir une vie qui mérite d'être protégée, pleurée et une autre qui ne le mérite pas ? J'ai tenté de répondre à ma problématique de recherche initiale : «Comment redonner l'humanité aux individus par le biais de l'installation ?» en adoptant une perspective artistique.
Dès le début de ma recherche, je me suis trouvée devant une impasse : les ouvrages théoriques sur le devoir de mémoire renvoient systématiquement aux guerres, aux génocides, à la « Grande Histoire », à la « Grande mémoire », celles des livres, alors que ce qui m'intéresse c'est la « petite mémoire ». Cette petite mémoire qui fait l'importance et l'unicité de chacun, cette masse de petites choses prônant notre différence les uns des autres. En m'inscrivant dans une démarche heuristique, j'ai démontré par un travail expérientiel, la pertinence de me concentrer sur la « petite mémoire » (Boltanski, 2002) et l'importance de commémorer l'unicité de chacun. À force d'expérimentations, une hypothèse de création a émergé et elle s'est déployée sous la forme de l'installation. J'ai donc délaissé la peinture et le dessin pour l'installation, dans le but d'offrir au spectateur une expérience de l'art différente de celle à laquelle je le conviais avant, dont l'oeuvre est étroitement liée au lieu d'exposition. Bien que le monument soit associé à la longévité, aux matériaux durables tels le marbre, la pierre, j'ai privilégié Fimpermanence pour mon oeuvre finale, car contrairement à la croyance répandue, les monuments de granit ne sont-ils pas conçus justement pour oublier, pour régler l'affaire une fois pour toute, alors qu'en utilisant des matériaux éphémères, nous serons obligés de nous rappeler ; il faudra refaire la prière, encore et encore, afin que la mémoire se perpétue.
Pour la dernière étape de mon projet, j'ai fait une analyse dérivée de la phénoménologie structurale (Mucchielli, 1983). Cette méthode stipule que notre essence est, de façon spontanée et inconsciente, imprégnée dans chacun des gestes ayant transformé de façon intentionnelle la matière. C'est ainsi que j'ai pu saisir et cibler les intentions profondes de la communauté avec laquelle j'ai travaillé. Enfin, les principaux résultats de cette recherche en création ont culminé par la réalisation d'une d'installation in situ, qui s'est tenue dans le jardin du couvent de la Congrégation des Soeurs du Très Saint-Sacrement; le lieu étant inhérent à l'oeuvre, il était essentiel de réaliser l'exposition à cet endroit précis.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
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Date: | 2014 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Maîtrise en art |
Nombre de pages: | 66 |
ISBN: | Non spécifié |
Sujets: | Arts et lettres > Création littéraire et artistique > Arts visuels et médiatiques |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des arts, des lettres et du langage > Programmes d'études de cycles supérieurs en arts |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Laurier, Diane Marois, Marcel |
Mots-clés: | Christian Boltanski, commémoration, communauté, devoir de mémoire, installation |
Déposé le: | 20 juill. 2015 08:17 |
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Dernière modification: | 04 sept. 2015 00:45 |
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