Gagné Jonathan. (2018). À l’ère du cinéma numérique, comment reconquérir une approche poétique de l’image inspirée de la matérialité du cinéma argentique ? Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.
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Résumé
Aujourd’hui, à l’ère de la dominance du cinéma numérique, les images filmiques nous proposent des représentations visuelles d’une définition toujours plus élevée. Inévitablement, ce phénomène a des répercussions importantes sur la perception spectatorielle. Cette problématique nous invite à nous poser les questions suivantes : comment percevons-nous et ressentons-nous les images filmiques ? Qu’est-ce qui fait leur force ? La « texture visuelle » en lien avec le médium – qu’il soit physique ou virtuel – peut-elle affecter l’implication d’un spectateur dans un univers narratif ? À une époque où la matérialité semble vouloir disparaître de plusieurs sphères de notre vie, les technologies analogiques, comme la pellicule-film, ont-elles encore une place comme mode d’expression artistique en cinéma ? Ces questionnements au sujet de l’image cinématographique sont des plus actuels puisque nous sommes depuis quelques années en pleine (r)évolution technologique. Comme le soulignent André Gaudreault et Philippe Marion dans le résumé de leur ouvrage La Fin du cinéma ? Un média en crise à l'ère du numérique, « […] le cinéma serait en train de mourir : la chaleur du photochimique a cédé le terrain à la froideur du pixel et le hors-film a commencé à envahir […] les salles dévolues au septième art ». Cette affirmation constitue en quelque sorte le fondement de notre problématique de recherche, dont l’objectif est d’étudier l’impact de l’image filmique – ainsi que la matérialité du médium – sur la perception spectatorielle. Toujours dans l’optique de bien comprendre la relation complexe entre le spectateur, dans sa dimension cognitive et subjective, et l’image, dans son aspect sémantique et sémiologique, nous entendons aborder le sujet avec un regard phénoménologique, qui traite de l’expérience vécue d’un point de vue philosophique. Notre problématique sera donc analysée à partir des concepts développés par le théoricien Jacques Aumont, particulièrement ceux décrits dans son ouvrage Que Reste-t-il du cinéma (2013) où il aborde l’espace plastique de la matière de l’image même – la matérialité – et de la reconfiguration considérable du domaine des images en mouvement depuis les vingt dernières années. Cette approche sera bonifiée par les propos avancés par Edgar Morin dans Le Cinéma ou l’homme imaginaire (1956), ouvrage qui, malgré l’époque relativement lointaine à laquelle il fut rédigé, constitue un élément-clé de notre compréhension du fonctionnement des images filmiques ainsi que leur impact sur la perception spectatorielle. Après tout, « […] l'image ne donne pas tout, [elle] laisse au spectateur une part de responsabilité, responsabilité de continuer l'analyse, de définir ce qu'il voit, de lui conférer du sens ». Nous aborderons également la notion d’empreinte à la lumière des théories explorées par Didi-Huberman dans son ouvrage La Ressemblance par contact : archéologie, anachronisme et modernité de l’empreinte (2008). En considérant l’image filmique issue de la technologie argentique comme une empreinte matérielle, nous verrons comment cela contribue à en faire une image porteuse de capacité poétique. Nous serons ensuite en mesure de traiter cette fameuse poésie liée à l’image cinématographique à l’aide, entre autres, des notions apportées par Geneviève Gosselin-G. dans son mémoire de maîtrise intitulé La poésie cinématographique. Terrence Malick et la sensation (2015). C’est ainsi que nous verrons comment « […] il y a poésie cinématographique chaque fois que les formes de la représentation sont ouvertes par une modalité de l’expression […] ». Tous les théoriciens et théoriciennes qui nourrissent ce mémoire ont été choisis en fonction de leur effet synergique. La mise en relation de leurs notions respectives et les instruments que cela met à ma disposition me permettent d’approfondir ma recherche de manière optimale. Nous découvrirons éventuellement comment tous ces cadres théoriques, accompagnés de quelques expérimentations, ont influencé ma poïétique en tant qu’artiste dans la production d’une d’oeuvre, soit un court-métrage de fiction réalisé à l’aide de procédés à la fois analogiques et numériques. Cette création constitue en quelque sorte un canevas comparatif de différentes textures visuelles où j’ai pu expérimenter diverses manipulations de l’image dans le but de retrouver une « sensation de matérialité » inspirée de la technologie argentique. Avec cette expérience plastique, j’ai désiré mettre en évidence l’impact du médium sur la capacité poétique de l’image filmique, mais aussi sur la perception spectatorielle. Après tout, « […] une réaction de solidarité est attendue du spectateur. Revient de concert la possibilité d'une expérience esthétique autre, reconnectée à l'image ». C’est ainsi que se révèle l’aspect phénoménologique de mon projet de recherche, en ce sens où le choix du médium en création cinématographique provoque inévitablement un rapport ainsi qu’un dialogue particulier entre l’artiste, l’oeuvre et le spectateur.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
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Date: | Juin 2018 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Maîtrise en art |
Nombre de pages: | 112 |
ISBN: | Non spécifié |
Sujets: | Arts et lettres > Création littéraire et artistique > Arts visuels et médiatiques |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des arts, des lettres et du langage > Programmes d'études de cycles supérieurs en arts |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Châteauvert, Jean |
Mots-clés: | analogique, cinéma, numérique, perception, poétique, poïétique, argentique, perception, création, spectateur, sensation, image, filmique, pellicule, film, pixel, matérialité, médium |
Déposé le: | 01 août 2018 09:24 |
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Dernière modification: | 04 mai 2023 22:15 |
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