Gauthier Vicky. (2018). Le roman monstre ou la poétique du fantastique du monstrueux moral chez Rachilde. Thèse de doctorat, Université du Québec à Chicoutimi.
PDF
2MB |
Résumé
Ma thèse porte sur l’étude de l’oeuvre romanesque de l’écrivaine française Rachilde, Marguerite Eymery de son vrai nom (1860-1953). Bien qu’il s’agisse ici d’une écrivaine répondant en tout point au style littéraire décadent, ses romans semblent dépasser, transcender, ce simple constat. À mon sens, il y a une constance chez Rachilde à montrer aux personnages – et donc aux lecteurs – l’inadmissible, l’inconcevable, le scandaleux, qu’il soit question d’éléments transgressifs moraux et naturels ou de créatures s’apparentant au surnaturel, et ce, au moyen d’une écriture dont le sens – ou l’objet à scandale – ne cesse d’osciller entre le dicible et l’indicible, créant un hermétisme textuel et une hésitation interprétative. Mon hypothèse est que la reprise des grands thèmes de la décadence, soit la perversité, l’érotisme, la névrose, etc., et que la question de l’inversion des genres sexuels qui ont intéressé la critique littéraire jusqu’à maintenant sont à considérer à la lumière d’une poétique dont Rachilde est l’une des plus ferventes représentantes. Ces romans, où se créent dissonance et inconfort (Finn, 189), relèvent, à mon sens, d’un genre bien précis, visant justement à provoquer ces effets de lecture : le fantastique. Nathalie Prince, dans Le fantastique (2008), offre une amorce de réflexion en proposant que le fantastique fin-de-siècle serait un fantastique du monstrueux moral (Prince, 58) et que les romans de Rachilde constitueraient ses meilleurs truchements, sans toutefois approfondir davantage ce fantastique ni démontrer précisément en quoi ceux-ci sont fantastiques, ce dont se chargera cette thèse. Les objectifs de cette recherche seront, dans un premier temps, de définir le fantastique du monstrueux moral ainsi que la figure du monstre au XIXe siècle, à l’aide des travaux de Michel Foucault sur le monstre moral dans Les anormaux (1974-1975), et, dans un deuxième temps, de voir comment ce fantastique prend forme chez Rachilde, ce qui sera démontré par l’analyse minutieuse de quelques-uns de ses romans phares. Cette étude mettra de l’avant autant les oeuvres les plus connues de l’auteure que celles oubliées de nos jours afin d’effectuer une synthèse de l’oeuvre romanesque de Rachilde. Ma thèse aura sa part d’originalité, puisque ni la synthèse des romans de Rachilde ni la démonstration rigoureuse de son appartenance au fantastique fin-de-siècle n’ont encore été réalisées à ce jour. En outre, elle montrera, via un échantillonnage représentatif et varié de ce fantastique, que le monopole de l’imaginaire décadent n’est pas strictement réservé à la gent masculine, qu’il a aussi eu sa représentante en la personne de Rachilde. Qui plus est, l’époque fin-de-siècle voit poindre de plus en plus un personnage phare qui aura tôt fait d’être accaparé par la littérature fantastique : le célibataire. Non seulement trouve-t-on abondamment ce personnage dans les romans de Rachilde, mais plus encore, et c’est peut-être là sa plus grande originalité (qui mérite qu’on y porte attention), le célibataire dandy et dilettante – cher aux décadents – est, chez elle, femme. Il sera d’abord question d’étudier les techniques d’écriture fantastique employées par Rachilde à l’aide des travaux de Denis Mellier, car c’est le texte qui fait peur (Prince, 67) et non le sujet. Puis, la poétique de la norme de Philippe Hamon élaborée dans Texte et idéologie (1984) me permettra d’établir la monstruosité des personnages rachildiens de façon objective et de voir quel type de monstre moral s’impose dans les romans de Rachilde. Enfin, la relation que ces monstres de papier rachildiens entretiennent avec les autres et leur environnement (espace, décors et objets), constitutive de leur construction fantastique, sera aussi étudiée au cours de la thèse. Pour ce faire, j’aurai recours à la poétique des lieux célibataires fantastiques de Prince, à celle de Gaston Bachelard ainsi qu’à l’étude de la demeure fin-de-siècle de Séverine Jouve. Tout au long de ma thèse, nous verrons comment le monstre, célibataire de surcroît, est ce qui définit le fantastique de Rachilde. Fil d’Ariane de cette recherche, le monstre permettra d’ouvrir le champ d’investigation en ce qui a trait à l’œuvre romanesque de Rachilde et à sa poétique.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Thèse de doctorat) |
---|---|
Date: | 2018 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Doctorat en lettres |
Nombre de pages: | 262 |
ISBN: | Non spécifié |
Sujets: | Arts et lettres > Création littéraire et artistique > Littérature Arts et lettres > Étude des arts et des lettres > Études littéraires Arts et lettres > Étude des arts et des lettres > Sociologie de l'art Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Sociologie |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des arts, des lettres et du langage > Unité d'enseignement en lettres |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Harvey, Cynthia |
Mots-clés: | décadence, fantastique, femme, célibataire, monstre, Rachilde, roman, monstrueux moral, 19e-20e siècles, Belle Époque, Marguerite Eymery, fin de siècle, écofantastique, femme célibataire |
Déposé le: | 05 nov. 2018 10:48 |
---|---|
Dernière modification: | 15 nov. 2018 23:14 |
Éditer le document (administrateurs uniquement)