Cribb Mélissa. (2024). Entre (re)victimisation et agentivité : parcours de maternité en contexte d’itinérance et de violence conjugale. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi.
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Résumé
Jusqu’à tout récemment, le phénomène de l’itinérance féminine a été peu étudié dans les écrits scientifiques québécois (Bellot et Rivard, 2017; Cousineau et Flynn, 2021). Or, la réalité de l’itinérance au féminin diffère considérablement de celle des hommes, notamment par l’aspect caché qu’elle revêt (Bellot et Rivard, 2017; Gélineau, 2008; MSSSQ, 2018) et par le parcours de vie des femmes, particulièrement marqué par différentes formes de violence, telles que les violences conjugales et familiales (Cousineau et Flynn, 2021) et les agressions à caractère sexuel (Côté et al., 2022). De plus, on déplore que les travaux québécois ayant abordé l’itinérance chez les femmes aient peu ou pas abordé l’expérience de la maternité dans ce contexte (Bellot et Rivard, 2017; Flynn, 2015; Gélineau, 2008). Les situations complexes expérimentées par les mères ayant vécu des situations de violence conjugale et d’itinérance sont susceptibles d’affecter de manière importante la maternité et augmentent la possibilité qu’elles perdent la garde de leurs enfants (Canfield et al., 2017; Harp et Oser, 2016). En ce sens, ce mémoire de maitrise vise à mieux comprendre l’expérience des mères qui ont vécu de la violence conjugale et des situations d’itinérance. Il porte plus précisément sur l’expérience de celles qui n’ont plus la garde de leurs enfants ou qui ont vécu une ou des périodes de séparation temporaire avec eux. Pour ce faire, cette étude poursuit trois objectifs spécifiques, à savoir : 1) identifier les circonstances entourant les séparations temporaires et permanentes entre les participantes et leurs enfants; 2) décrire les stratégies déployées par celles-ci pour protéger leurs enfants, répondre à leurs besoins et assurer leur bienêtre et pour maintenir des contacts avec eux; ainsi que 3) documenter les éléments ayant facilité ou entravé le parcours des mères dans les différents services qu’elles ont utilisés en lien avec la maternité. Ce mémoire de maitrise s’inscrit dans une recherche-action qualitative plus large, qui visait notamment à documenter les liens entre la violence de la part de partenaires intimes (VPI) et l’itinérance vécues par les femmes. Ainsi, des entretiens de type récit de vie ont été réalisés auprès de 46 femmes. Dans le cadre de cette étude, une analyse complémentaire des données a été réalisée à partir d’un échantillon non probabiliste, typique ou intentionnel, composé de 14 participantes sélectionnées parmi l’échantillon de la recherche principale. Mobilisant un cadre féministe intersectionnel, cette étude a permis de dégager certains constats. Dans un premier temps, les résultats montrent que pour la majorité des participantes, les séparations temporaires et permanentes qu’elles ont vécues avec leurs enfants se sont produites conséquemment aux violences conjugales et institutionnelles qu’elles ont subies. De plus, combinées à l’étiolement de leurs conditions de vie, les violences conjugales et institutionnelles que les mères de cette étude ont vécues ont également entrainé des difficultés dans l’exercice de leur rôle parental ainsi que dans le maintien de la relation ou des contacts avec leurs enfants. Les résultats mettent également en lumière que les interventions de la DPJ semblent avoir été teintées par les stéréotypes découlant des représentations sociales de la maternité, ce qui a parfois entrainé des jugements de la part des intervenantes envers les mères et une mauvaise compréhension de leurs réalités. Or, loin d’être demeurées passives lorsqu’elles ont rencontré des difficultés dans leurs expériences de maternité, les participantes de cette étude ont plutôt mobilisé de nombreuses stratégies pour protéger leurs enfants de la violence conjugale et de la maltraitance, pour assurer leur bienêtre, répondre à leurs besoins, ainsi que pour maintenir les liens avec ceux-ci. Dans un tel contexte, les conclusions de cette étude ont permis de dégager certaines retombées pour la pratique du travail social et des recommandations de pistes d’intervention, comme l’instauration de programmes sociaux et de services facilitant la stabilisation des conditions de vie de ces mères (l’accès à des logements sociaux abordables, à des ressources d’hébergement de deuxième étape). Les résultats soulèvent également l’importance de sensibiliser et de mieux former les intervenantes, particulièrement celles qui travaillent à la Direction de la protection de la jeunesse, sur les violences familiales, conjugales et postséparations et les conséquences qui en découlent sur les conditions de vie de ces femmes et dans l’exercice de leur rôle parental. Ainsi, les intervenantes seront davantage outillées pour mieux accompagner et soutenir les mères qui vivent de la violence conjugale.
Type de document: | Thèse ou mémoire de l'UQAC (Mémoire de maîtrise) |
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Date: | 2024 |
Lieu de publication: | Chicoutimi |
Programme d'étude: | Maîtrise en travail social |
Nombre de pages: | 147 |
ISBN: | Non spécifié |
Sujets: | Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Études féministes Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Psychologie Sciences sociales et humaines > Sciences sociales > Service social et travail social |
Département, module, service et unité de recherche: | Départements et modules > Département des sciences humaines > Unité d'enseignement en travail social |
Directeur(s), Co-directeur(s) et responsable(s): | Flynn, Catherine Pouliot, Ève |
Mots-clés: | consommation de substances psychoactives, enjeux de santé mentale, itinérance, maternité, perte de la garde, violence conjugale |
Déposé le: | 03 déc. 2024 21:47 |
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Dernière modification: | 04 déc. 2024 20:23 |
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